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Fiche d’exploitation pédagogique
La zone euro en quête d’Union budgétaire
Agnès Bénassy-Quéré, Les Carnets de l’économie, France Culture, 22 février 2016.
Une union monétaire sans union budgétaire est-elle viable ? Agnès Bénassy-Quéré met en lumière les paradoxes de l’architecture de la zone euro.
Exploitation pédagogique
Quelle est la particularité de la zone euro ?
En quoi consiste la discipline budgétaire dans la zone euro ?
Pourquoi la zone euro a-t-elle imposé une discipline budgétaire à ses membres ?
Quelles sont les trois fonctions traditionnelles d’une politique budgétaire ? Expliquez précisément en quoi consiste chacune d’elles.
Comparez l’importance du budget de l’Union européenne à celle de fédérations comme les États-Unis et le Canada.
Expliquez pourquoi une monnaie commune sans politique budgétaire commune n’est pas viable selon Agnès Bénassy-Quéré.
Corrigé
C’est une Union monétaire sans volet budgétaire. Les pays membres disposent d’une monnaie commune mais chacun conserve son budget national et l’autonomie de sa politique budgétaire, dans le respect des règles instaurées par le Traité de Maastricht.
Le déficit public des pays membres ne doit pas excéder 3 % de leur PIB et la dette publique doit être inférieure à 60 % du PIB. Il s’agit d’imposer la stabilité des finances publiques. Ces règles de discipline budgétaire ont été instaurées par le Traité de Maastricht et inscrites dans le Pacte de stabilité et de croissance.
Les pays membres ont voulu éviter que certains soient tentés par des stratégies de « passager clandestin ». En effet, un pays qui laisse filer ses finances publiques en retire un bénéfice (stimulation de son activité) mais sa situation budgétaire peut entraîner des conséquences préjudiciables à l’ensemble de la zone : tensions inflationnistes (via la hausse de la demande de biens et services), hausse des taux d’intérêt et effet d’éviction (via la hausse de la demande de capitaux émanant de l’État).
- Le financement de biens publics comme la défense, les infrastructures de transport, de communication, la recherche… Il s’agit notamment de produire des biens que le marché ne produit pas ou pas de façon optimale (biens collectifs, biens à externalités positives).
- La redistribution, à savoir les transferts entre régions ou entre catégories.
- La stabilisation de la conjoncture. Il s’agit des politiques contracycliques qui consistent à soutenir l’activité en creusant le déficit en période de récession et à engranger des excédents en période de boom.
On peut rappeler la typologie des fonctions économiques de l’État (Musgrave) vue en Première.
Il n’y a pas de budget à l’échelle de la zone euro. Le budget de l’UE est ridiculement faible (il représente 1 % du PIB européen) et est soumis à la règle de l’équilibre. Dans l’UE, les dépenses « locales » (c’est-à-dire celles des États-membres) représentent 98 % des dépenses totales (puisqu’il n’y a quasiment pas de budget européen). Au Canada, les dépenses « locales » représentent 76 % des dépenses totales, aux États-Unis 45 % ; une part très importante des dépenses est donc assurée par les budgets fédéraux. Le budget fédéral constitue alors un réel outil de stabilisation conjoncturelle.
Parce que les États membres de la zone sont confrontés à une injonction paradoxale. Ils doivent respecter une discipline budgétaire aux critères stricts (Q. 2) et, en l’absence de budget fédéral, c’est à eux de mobiliser leur budget en cas de crise pour stimuler leur activité, ce qui forcément creuse les déficits.
On peut revenir sur le partage des compétences entre politique monétaire de la BCE en cas de chocs symétriques et politiques budgétaires nationales face aux chocs asymétriques pour souligner l’épuisement de l’efficacité de l’instrument monétaire face à une crise de grande ampleur.
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