télécharger 22.19 Kb.
|
LA FORET AMAZONIENNE : ENJEUX CONTEMPORAINS DU DEBOISEMENT ET DE SES LIMITES, par Xavier Arnauld de Sartre, chargé de recherches, CNRS, université de Pau. KAFE, dimanche 10 octobre, 9H00-10H00. Le conférencier fonde son exposé sur les études menées sur deux terrains précis de la forêt amazonienne brésilienne, le Brésil représentant 80% de cette forêt. Ces études, dont il estime qu’elles lui permettent de n’être dupe de rien à cette échelle, lui donnent un point de vue assez pessimiste sur l’évolution de cet espace, à l’échelle locale. Dans ce cadre, la limitation du déboisement s’opère à trois échelles temporelles :
La gestion que le Brésil fait de l’Amazonie n’est pas mauvaise, mais la forêt s’insère dans une échelle mondiale qui nécessite de dénationaliser le débat. INTRODUCTION La conférence se tenant entre les deux tours de l’élection présidentielle au Brésil, l’analyse des résultats du premier tour est éclairante. Les sondages annonçaient Dilma Rousseff, candidate désignée par Lula du Parti des Travailleurs, comme vainqueur dès le premier tour. Or 6 à 7% des votes qui lui étaient attribués se sont reportés sur la candidate « verte » Marina Silva. Même si la question de l’avortement, très prégnante dans la campagne peut brouiller les cartes (vote évangéliste anti-IVG pour M. Silva), ce résultat reste intéressant pour deux raisons :
Quatre questions structurent cet exposé :
I / MISE EN CONTEXTE DU DEBOISEMENT ET MODELISATIONS FUTURES. Le déboisement n’est pas homogène ; l’observation des cartes du défrichement montre une marche vers le Nord et vers l’Ouest, en fonction de l’accessibilité. La « marche vers l’ouest » évoque les épopées et le folklore du far West : sur les fronts pionniers, bien des habitants sont habillés comme des cowboys de western et les conflits sont permanents, pas sous forme de guerres indiennes, mais surtout sous l’aspect de « conflits entre cowboys ». Ce processus de colonisation est comparable à ce qui s’opère partout dans le monde : ce sont les dernières terres cultivables non exploitées, avec l’extension de la société moderne. Ne restent actuellement inutilisées à l’échelle planétaire que les terres chaudes ou froides, tandis que s’étendent les fronts pionniers. La question du déboisement amazonien s’inscrit dès lors dans le cadre de l’extension mondialisée d’un système de production et d’un type de société. Le déboisement s’opère le long des axes routiers, comme la transamazonienne, qui va d’est en ouest, et qui sous une appellation pourtant prestigieuse n’est souvent qu’une piste en terre malcommode. De part et d’autre de la route sont définis des lots de colonisation très vastes (100 ha, avec une largeur de 400 m pour une longueur 2500 mètres). En trente ans, environ 80% de ces lots sont déboisés. On observe aussi le long de la transamazonienne la « route de l’électricité », très repérable sur les photos, qui achemine vers les centres de consommation l’électricité produite par les barrages amazoniens. Sur ces lots cohabitent quatre types de paysages : la forêt non encore défrichée, la jachère (avec un recru forestier récent), les pâturages et enfin les terres agricoles. Cette mosaïque provient de l’organisation d’un véritable cycle agricole sur une même partie d’un lot :
Cinq périodes historiques marquent le déboisement, et c’est l’emboîtement de ces cinq dynamiques qui permet de comprendre la situation actuelle : 1 / jusqu’aux années 1960, a lieu une mise en valeur traditionnelle, assez peu prédatrice, avec des jachères de 20 ans. Les fronts pionniers à cette époque sont rares et restent périphériques. 2 / dans les années 1960-1970, est lancée la colonisation officielle. L’Amazonie doit servir au développement du Brésil, avec la mise en accès des zones (construction d’axes routiers) et l’installation de colons. Plutôt que de procéder à une réforme agraire en redistribuant les possessions foncières latifundiaires, l’Etat a choisi de faire accéder les pauvres à la terre en Amazonie. Il s’agit, comme dans d’autres Etats, de changer la structure productive sans enlever leurs terres aux grands propriétaires. 3 / à la fin des années 1970, le Brésil étant confronté à la crise consécutive aux chocs pétroliers, il cesse d’attribuer la terre aux petits et choisit de laisser faire les dynamiques capitalistes de production agricole, avec l’attribution de grandes parcelles. 4 / depuis le début des années 1990, émergent les préoccupations du développement durable. 5 / enfin depuis le début des années 2000 il y a une nette accélération du déboisement lié à l’agriculture de marché, en particulier pour la production de grains obtenue avec des tracteurs. Ces systèmes successifs se répartissent dans l’espace, ces cinq logiques cohabitent en Amazonie. La réforme agraire menée par Lula est avant tout la reprise de la colonisation, avec un effet d’appel d’air. D’un côté l’augmentation des cours des grains ne freine pas l’expansion du soja, et de l’autre s’expriment concrètement des projets de développement durable. Dans ce cadre d’analyse, quels futurs se dessinent pour l’Amazonie ? Si les politiques actuelles sont respectées, avec des zones protégées (« sous cloche »), elles nécessitent un changement de système productif (jachères très longues, prélèvement non prédateur de ressources renouvelables). Il s’ouvre deux perspectives, selon que l’expansion spatiale des déboisements est plus ou moins contenue. Mais actuellement se met en place le scénario le plus pessimiste, qui ne laisse que des poches (des lambeaux) de forêt, ne préservant un massif cohérent qu’au nord-ouest. Enfin, quel que soit le scenario envisagé, il se traduit de toute manière par une érosion nette de la biodiversité. II / RATIONALITES ET IRRATIONALITES DU SYSTEME. Pourquoi déboise-t-on ?
Déboiserait-on pour rien ? Quand on corrèle le déboisement et l’IDH, on voit apparaître des courbes en cloche qui coïncident, qui plus est l’IDH après le déboisement retombe à un niveau aussi faible qu’avant. On déboise donc pour produire de la richesse pendant le point haut de la courbe en cloche. C’est une production de richesse provisoire qui ne permet pas une mise en valeur des espaces concernés. Ils sont pris dans le système de la rentabilité à court terme. Mais ce système a une logique à toutes les échelles, les problèmes du déboisement n’étant qu’un aspect de l’économie mondialisée de rentabilité à court terme. Cela peut enfin apparaître comme un des nouveaux « cycles » qui marquent l’évolution de l économie agricole : le « cycle du déboisement » après le « cycle de l’or », le « cycle du café »… Néanmoins, certains peuvent faire observer que chacun de ces cycles produisant de la richesse, cette richesse cumulée finit par produire des changements sociaux et politiques positifs, dont témoignent par exemple l’épanouissement de la démocratie et la baisse de la fécondité au Brésil. III / UN AVENIR PROBLEMATIQUE. Cette déforestation traduit l’échec d’une certaine conception de la durabilité. Trois actions principales sont actuellement mises en place pour favoriser cette durabilité :
1 Chico Mendes (1944-1988) : militant syndicaliste brésilien, mort assassiné, qui défendait les petits paysans brésiliens et luttait contre les grands propriétaires terriens pour la sauvegarde la forêt amazonienne, contre les défrichements destinés à l’élevage. Des réserves forestières furent créées dans la région où il vivait. 2 Latérisation : à la suite de processus chimiques et mécaniques, dus au lessivage de sols pauvres en milieu chaud, la sol est recouvert d’une carapace, très dure et stérile, baptisée latérite. |
![]() | «vous vouliez la robe à 100 €, j’essaie de vous vendre celle à 150», «vous avez mis le doigt dans le pot de confiture, j’essaie de... | ![]() | «idéal olympique et ses valeurs», à Paris ou ailleurs, ce n’est pas ce que l’on croit, nous explique Michel Caillat, sociologue du... |
![]() | «faire faire» (donc l’externalisation) mais à la base d’un cahier des charges bien précis | ![]() | «peu orthodoxe» d’une dévaluation dans un pays émergent, a fasciné les économistes du développement depuis au moins un demi-siècle... |
![]() | «Guide» au public nous n’avons pas d’autre prétention que de contribuer à faire aimer Porquerolles et les Iles d’Hyères, en aidant... | ![]() | «Le manuel de transition» que Patrick enverra à chacun par mail. Propose d’acheter 5 manuels complets à faire tourner à tous, faire... |
![]() | «Frontières. Images de vies entre les lignes»1 pour recueillir des paroles de personnes réfugiées en France afin de proposer au public... | ![]() | «dur» donc j’ai abandonné. Depuis je cherche du travail, je n’en trouve pas et surtout je ne sais pas ce que je veux faire… Je suis... |
![]() | «Oser faire simple» : le fort degré de complexité des manuels (et de certaines fiches éduscol) ne doit pas nous empêcher de faire... | ![]() | «faire faire» à d’autres certaines activités pour obtenir et maintenir son avantage concurrentiel |