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Paris, le 26 juin 2010 – Le chômage des jeunes, fléau européen et français : qui oserait remettre en cause une affirmation si évidente ? Pourtant, derrière ce constat alarmiste, se cache une réalité beaucoup plus complexe. En lieu et place d’ « une génération perdue », se laisse deviner une jeunesse d’une extraordinaire hétérogénéité, tantôt parfaitement armée pour tirer profit de la nouvelle donne économique, tantôt au contraire marginalisée, et de manière croissante, dans le monde du travail actuel. Menée dans le cadre de l’initiative New Skills at Work lancée par la Fondation J.P. Morgan, sous la direction scientifique de l’Institute for Public Policy Research (IPPR- think tank britannique), l’étude de l’Institut de l’entreprise entend en finir avec une vision exclusivement pessimiste de l’emploi des jeunes. Pour Charles de Froment, expert du marché du travail et auteur de la note, cette vision encourage des politiques publiques inefficaces, insuffisamment ciblées, qui stigmatisent plutôt qu’elles n’encouragent la jeunesse. Elle entretient une désespérance de la jeunesse, angoissée pour son avenir et peu disposée à prendre des risques. L’étude prend le contre-pied de cette approche pour énoncer 10 propositions visant à replacer les jeunes au centre du jeu et à leur redonner les moyens de leur autonomie. Structurées en quatre angles, elles privilégient des changements de paradigme avec un double objectif : s’adresser en priorité aux jeunes en graves difficultés d’accès à l’emploi et renforcer les moyens des jeunes qui s’en sortent le mieux, et qui doivent devenir les moteurs de l’économie de demain. ![]() « Le taux de chômage des non-diplômés, trois ans après leur sortie du système éducatif, s’élevait à 48% en 2013, contre 9% pour les diplômés du supérieur long. La course au diplôme, engagée dans les années 1980 pour favoriser l’accession au baccalauréat, n’a eu de cesse de conforter des inégalités qu’elles entendaient plutôt résoudre. En définitive, ni le système d’orientation, ni le système d’apprentissage, ni les entreprises ne semblent pouvoir aider les jeunes les plus vulnérables à « trouver leur voie ». Ce sas entre la fin des études et l’emploi est bien pour eux la période de tous les dangers. » 10 PROPOSITIONS DEVELOPPEES DANS L’ETUDE Axe 1 – Des réformes structurelles pour libérer l’emploi
La part relative des pauvres parmi les jeunes n’a cessé d’augmenter, au contraire de la situation des retraités. Le système de protection sociale doit être repensé pour diminuer la pression fiscale sur le travail.
Souvent, l’ajustement de l’emploi dans les entreprises se fait au détriment des salariés détenteurs de contrats flexibles, principalement des jeunes. Il s’agit donc de développer les mécanismes de flexibilité interne et d’harmoniser les statuts sociaux entre salariés en CDI et flexibles.
Cet Etat doit encourager les mutations de l’économie française vers le développement des secteurs en croissance et permettre aux jeunes de devenir les acteurs de l’économie du numérique.
Les politiques publiques doivent favoriser le développement des services en les libéralisant et en encourageant leur professionnalisation. Des réflexions sur « des parcours d’évolution » pourront être menées pour éviter l’enfermement dans des emplois peu qualifiés. Axe 2 – Réduire le skills mismatch (inadéquation entre les compétences et les besoins du marché du travail)
Il est nécessaire de structurer le sas entre école, université et entreprises, en identifiant les nombreux métiers qui ont des difficultés à recruter et en proposant une forme d’apprentissage « light » ou des modules de formation courts et flexibles.
De nouvelles méthodes de recrutement, inspirées des technologies du numérique, permettent d’ores et déjà de contourner le filtre réducteur du CV (plates-formes d’e-testing, big data, start-ups spécialisés dans l’intermédiation…). Axe 3 – De l’éducation à l’emploi : pour des politiques éducatives et d’orientation « capacitantes »
Des partenariats pérennes doivent être mis en place entre toutes les parties prenantes de l’insertion. Une information régulière, personnalisée et transparente sur les conséquences des choix d’orientation doit être assurée.
Nos voisins britanniques n’hésitent pas à confier les clés d’écoles à des groupes de parents d’élèves ou à des associations. En France, où une telle réflexion demeure encore taboue, une solution plus acceptable consisterait à donner davantage de pouvoir aux enseignants et aux chefs d’établissement. Axe 4 – Sortir du tout étatique : le rôle du secteur privé, des associations, de l’entrepreneuriat social pour bâtir un écosystème favorable aux jeunes
L’action de l’Etat ne peut être efficace sans associer étroitement les principaux bénéficiaires et parties prenantes.
La culture de l’évaluation, introduite tardivement en France, doit continuer à être encouragée, notamment grâce à l’introduction de mesures d’impact social aux côtés d’études plus économétriques. Il deviendrait alors possible d’imaginer d’autres types de politiques, reposant sur des mécanismes financiers inspirés du monde des entreprises et de la finance, comme les Social Impact Bonds. Emploi des jeunes : les chiffres-clés
A la fin de leurs études, beaucoup de jeunes connaissent, pendant une période incompressible de 3 mois à un an, des difficultés pour accéder au marché du travail. Mais au-delà, les destins divergent selon le niveau de diplôme, comme l’illustre ce tableau.
Sources : enquêtes Génération 2004 et Génération 2010 (données provisoires), Céreq
Tandis que pour les Bac+2 et Bac+5, le passage par l’intérim et, dans une moindre mesure, par un CDD, constitue une étape de transition, chez les non et peu diplômés, on constate une réelle difficulté à sortir des emplois temporaires. Le problème du marché du travail des jeunes provient donc moins de l’instabilité généralisée de l’emploi que d’une exposition à la précarité de l’emploi touchant de manière inégale différents types de jeunes.
Source : Enquêtes Génération 2004 Céreq – calculs Institut de l’entreprise
Malgré des politiques publiques volontaristes et des subventions importantes, l’apprentissage est aujourd’hui en crise. Il ne concerne qu’environ 400 000 jeunes par an, un chiffre dérisoire face aux 1,5 millions d’apprentis en Allemagne. Surtout, le développement récent de l’apprentissage en France est exclusivement lié à l’augmentation des apprentis dans le supérieur. La taxe d’apprentissage semble ainsi détournée au profit des plus diplômés. Source : DEPP – calculs Institut de l’entreprise
Outre le niveau de qualification, d’autres facteurs discriminants existent au sein de la jeunesse et conditionnent la capacité à s’insérer sur le marché du travail. On relève, en particulier, une surexposition au chômage des jeunes dont les parents sont nés dans des pays tiers à l’Union européenne.
Source : repris de Yves Breem, « Le chômage des jeunes descendants d’immigrés », Infos migrations, n° 23, mai 2011
A l’instar de nombreux pays européens, la France a fait le pari d’une massification massive et rapide de son système scolaire, à l’issue duquel l’obtention du baccalauréat est devenue la norme. Or, l’université française se révèle particulièrement piégeuse pour les étudiants les moins armés, notamment les « nouveaux bacheliers » des filières technologiques et professionnelles.
La vision quantitative de l’effort éducatif a mené à l’allongement de la durée moyenne des études. Pourtant, une comparaison européenne ne permet pas de confirmer l’existence d’un lien direct avec l’amélioration de la situation des jeunes sur le marché du travail. Parmi les pays dont le taux de diplômés a le moins progressé ces dernières années, on trouve aussi bien l’Italie, cancre européen de l’emploi des jeunes, et l’Allemagne et l’Autriche, qui surperforment. Inversement, dans le peloton de tête des diplômés du supérieur, se côtoient le Danemark, la France et le Royaume-Uni… Source : Eurostat
En France, entre 1990 et 2010, plus de 450 000 emplois ont été détruits dans l’industrie, tandis que près d’un million se créaient dans le service aux entreprises et 900 000 dans les services aux particuliers et aux collectivités.
Source : projections DARES-CAS
Les formations courtes professionnalisantes sont souvent payantes pour les jeunes. En effet, en raison de nombreux départs en retraite, les besoins de recrutement restent supérieurs dans les métiers « traditionnels », en stagnation ou en décroissance, que dans les nouveaux secteurs. Il faut donc se garder de confondre tendances et besoins du marché du travail. Métiers qui offriraient le plus de postes à pourvoir entre 2010 et 2020 ![]() Source : Insee, France, portrait social. Edition 2010, Paris, La Documentation française, 2010
Les mutations à l’œuvre sur le marché du travail s’expliquent pour une part importante par les évolutions technologiques. Parmi les métiers d’avenir, on trouve ainsi de nombreux emplois liés directement ou indirectement à la révolution des usages numériques. Une évolution qui touche l’ensemble des métiers, des plus aux moins qualifiés. Il est donc nécessaire que l’Etat fixe des règles du jeu adaptées à l’économie du numérique et permette aux jeunes d’en devenir des acteurs.
Julie Micheli Directrice de la Communication Institut de l'entreprise 29 rue de Lisbonne - 75008 Paris Tél.: + 33 (0)1 53 23 05 45 / Mobile : + 33 (0)6 71 29 69 80 / www.institut-entreprise.fr |
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