CONTE
| Difficultés / niveau de lecture :3
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| TITRE : Les Aventures de Pinocchio
| Auteur : Carlo Collodi
Illustrateur : (voir commentaire illustration)
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Collection :
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| Genre : récit initiatique
Thème : Comment un pantin devient un vrai petit garçon
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Nombre de pages :
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| Résumé : Gepetto, menuisier veuf et sous-prolétaire d’un petit bourg de Toscane à la fin du XIXe siècle se fait offrir par son voisin une bûche de bois envoûtée qui parle, proteste et vole toute seule. Il en tire une marionnette articulée destinée à remplacer le petit garçon qu’il n’a jamais eu. Une fée visite le pauvre logis et donne apparence humaine au fantoche, en le menaçant d’un retour à l’état d’objet s’il n’était pas en tout point un fils obéissant et soumis à son père. Ce ne sera jamais le cas : Pinocchio se rendra plus d’une fois innocemment coupable vis-à-vis de l’ordre social, et sera souvent la victime naïve des exploiteurs, laissé à ses agressions douloureuses par une fée qui l’observe ou le punit et un père aimant mais impuissant.
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| A propos du récit : La marionnette indisciplinée, qui, progressivement, gagnera le droit de devenir un vrai petit garçon, tient une place essentielle dans la galerie des personnages célèbres de la littérature enfantine.
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| L’écrit Un conte : L’histoire commence par "Il était une fois...", on est donc du côté des contes. Nous voilà dans un univers fabuleux où un bout de bois peut être animé et doué de parole ; où foisonnent les personnages typiques des contes merveilleux : fées, ogres, animaux qui parlent. La Fée aux cheveux bleus a des pouvoirs magiques. elle peut être tour à tour petite fille, belle jeune femme, ou "bonne petite dame" (quand elle apparaît à Pinocchio, au chapitre 24, sous les traits d’une vieille femme) ; son personnel est entièrement composé d’animaux doués eux aussi de parole et aux comportements anthropomorphiques : un faucon factotum, un caniche laquais, une limace femme de chambre, un grillon, une chouette et un corbeau pour médecins privés... Nombreux aussi sont les personnages qui croisent sa route et lui viennent en aide - ou du moins tentent de le (re)mettre dans le droit chemin ; tous sont des animaux. Comme dans les contes populaires, certains se trouvent sur sa route et lui délivrent des avertissements, l’aident à mieux lire les événements qui s’enchaînent. Un personnage :
Pinocchio n’est pas un véritable héros mais plutôt un antihéros, un garnement impertinent, menteur, paresseux, gourmand, pas toujours reconnaissant, et d’une naïveté confondante ; de nombreux épisodes le mettent en scène sous un jour peu reluisant, où il apparaît comme fort peu sympathique. Il n’accomplit aucun véritable exploit, et lorsqu’il rencontre un véritable monstre, comme dans tout conte de fée qui se respecte - le terrible Serpent vert dont la queue crache du feu (chapitre 20) - il n’en vient à bout que parce que, dans une scène d’un comique exagéré, qui pourrait être jouée sur la scène du montreur de marionnettes Mangefeu ou sur les tréteaux d’une troupe de saltimbanques de commedia dell’arte, il fait une telle chute que le Serpent en meurt... de rire.
| L’illustration Il existe de nombreuses éditions des aventures de la marionnette. Les plus intéressantes étant publiées sous forme de récits illustrés.
Si l’on ne désire travailler que sur le texte un site est répertorié au bas de la fiche. Vous y retrouverez le texte intégral de Collodi.
Les versions illustrées et encore éditées sont les suivantes (l’auteur sera toujours Collodi en texte intégral) :
Lorenzo Mattoti : illustrations déroutantes mais rappelant énormément l’art abstrait avec des références à Modigliani et aux grands coloristes italiens.
Roberto Innocenti : de magnifiques dessins réalistes dans la grande tradition du feuilleton moraliste du XIXème siècle mais traité avec des points de vue et des angles résolument modernes. Les dessins fourmillent de détails sont propices à du travail de langage et d’échanges sur la relation textes-images.
Jean-Marc Rochette : Une très belle adaptation dans un format à l’italienne. Des dessins proches de la BD tracés à l’économie mais avec une grande puissance d’évocation. Contrairement à Innocenti, peu de détail mais le travail d’interprétation est là aussi source de débats.
Jean-François Dumont, dans un style très réaliste. De grandes illustrations pleine page, retraçant les principaux événement de l'intrigue. Tout au long du texte, des dessins noir et blanc, avec la même marionnette, ainsi que quelques vignettes en couleur. En avant-propos, Jean-François Dumont explique sa démarche et son rapport, presque intime, avec son dessin de Pinocchio
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| Pistes en maîtrise de la langue
Les Aventures de Pinocchio se prêtent à une lecture feuilleton, rappelant par ailleurs sa forme éditoriale d’origine. Elles peuvent donner lieu à une élaboration par la classe des valeurs positives ou négatives proposées par ce conte ou roman d’éducation, à travers les personnages rencontrés, l’alternance des scènes, le vocabulaire moralisateur, le contexte socio-historique…
C’est un texte dont on peut faire lire certains passages au regard d’extraits de la très bonne adaptation qu’en a fait Luigi Comencini au cinéma.
Avec la lecture en réseaux on pourra comparer les traitements très différents de chacune des éditions citées dans le cadre illustrations.
Il est également facile de construire avec les enfants une galerie des personnages et de voir comment Collodi a travaillé le portrait : très peu de renseignements alors que les personnages sont très présents dans les représentations. Cela entraîne également des avis très différents sur ces personnages (voir aussi les illustrateurs)
Il est également aisé de travailler sur la structure de l’histoire bien séparée en chapitres. On pourra donc pour chaque chapitre faire ressortir l’information principale afin de construire la trame complète du récit.
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| Lecture en réseau
Les versions illustrées par Roberto Innocenti (Gallimard) ou Mette Ivers (Hatier) actuellement indisponibles pourront être empruntées en bibliothèque, permettant une confrontation des interprétations proposées par les images : on rendra ainsi les élèves attentifs au choix des scènes illustrées, aux techniques utilisées, aux points de vue adoptés par
l’illustrateur…
On pourra de plus se reporter à quelques réécritures de ces aventures de Pinocchio proposées par la littérature
(NÖSTLINGER Christine – HEIDELBACH Nikolaus – Souffles – 1989) ou le cinéma, et en éprouver les différentes lectures.
L’épisode de la transformation en âne et ce qui s’ensuit renvoie de façon très atténuée au conte Peau d’âne : le Père-roi de la princesse Peau d’âne, qui voudrait enfreindre l’interdit de l’inceste, n’est-il pas présenté comme aimant par dessus tout un âne ? Cet âne d’ailleurs évoque un personnage légendaire, célèbre lui aussi pour ses excès, le roi Midas, qui aimait l’or, tout comme l’âne du conte de Perrault qui a en outre pour particularité de crotter des écus d’or ! Le dieu Apollon dota Midas d’oreilles d’âne parce que ce dernier avait osé préféré la musique très simple produite par le pipeau du demi dieu Pan à la sienne, qui émanait de sa lyre olympienne ! Les oreilles d’âne de Midas symbolisent la recherche de séductions sensibles, immédiates, plutôt que l’harmonie de l’esprit et la dominance de l’âme - tout comme Pinocchio se laisse séduire par les promesses de jeux sans fin de Lumignon, au lieu de rester dans la voie de la sagesse recommandée par la fée !.
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| Autres pistes possibles
Ces aventures sont aussi un parcours dans le temps et dans l’espace, que le lecteur doit pouvoir se représenter sur le plan de l’histoire mais aussi au niveau symbolique.
Travail en liaison avec les adaptations cinématographiques :
1 – Le roman et l’adaptation
Carlo Collodi (1826-1890), journaliste et employé de préfecture à Florence, publie en 1883 un récit à épisodes contant les aventures de Pinocchio. Le succès fut immédiat et durable (cinq rééditions de 1883 à 1890). D’abord conte moral à intention éducative, ce livre offre aussi une vision riche de l’univers enfantin, et constitue un document sociologique avec la peinture de la pauvreté et des misères dans la Toscane de 1880. Collodi maintient l’équilibre entre l’univers magique et le monde réel. Le film, en faisant intervenir la fée beaucoup plus tôt dans l’histoire, donne beaucoup plus d’importance au monde imaginaire. La conclusion morale est bien différente : chez Collodi, Pinocchio s’écrie : « combien je suis satisfait maintenant d’être devenu un petit garçon comme il faut ! », mais chez Comencini, on entend : « les aventures extraordinaires de Pinocchio sont terminées. Maintenant va commencer pour lui une autre aventure : la vie. » 2 – Les thèmes et axes d’étude
- Les personnages d’une aventure picaresque
Les personnages, qu’ils soient réels ou magiques, sont tous assez ambivalents, pour nous séduire et nous agacer, nous mettre de leur côté et nous renvoyer une image peu flatteuse de ce qu’ils incarnent. Le ton, les atmosphères varient d’un épisode à l’autre.
- Le regard du réalisateur
Sur chaque personnage, Pinocchio compris, le film nous amène à poser un regard critique, en ridiculisant un instant les plus pathétiques, en humanisant les plus caricaturaux, en assombrissant les plus sympathiques.
La réalisation sert aussi ce dessein : replacer l’homme (et l’enfant) dans un espace plus vaste où il se déplace et tente d’améliorer son existence.
- Une réflexion sur l’éducation
Pinocchio est un révélateur de tous ces personnages cherchant par tous les moyens à sortir de la morale étriquée, des règles sociales rigides qu’on cherche à leur inculquer. Comencini fait sentir la vertu de la rébellion face à l’ordre, détruit la vision traditionnelle de la relation père-fils. On peut également faire une comparaison de l’œuvre avec l’adaptation de Walt Disney qui tout en lui reconnaissant d’indéniables qualités artistiques sur la plan de l’animation, installe une distance certaine entre l’œuvre de Collodi et la sienne : c’est seulement la lecture "didactique" et "moraliste" qui prédomine, et le Grillon-qui-parle, rebaptisé Jiminy Criquet, sera le mentor du pantin tout au long de ses aventures.
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| Suggestions :
En lisant Pinocchio , l’enfant engage un dialogue avec le texte au plus profond et au plus intime de lui-même, parce que l’histoire qu’il y lit est la sienne. Il rencontre en Pinocchio, le pantin qui deviendra un petit garçon, un personnage qui représente ce qu’il a été lui-même ou qu’il vit encore parfois.
Sans cette dimension inconsciente, un texte ne saurait traverser ainsi les années et être plébiscité par plusieurs générations successives. Le succès de Pinocchio tient à ce qu’il est porteur d’un savoir universel sur la condition humaine, savoir qu’il ne nous est pas si souvent donné de lire - entre les lignes - dans la littérature enfantine. Ainsi Pinocchio murmure-t-il une vérité sur nous-mêmes qui nous bouleverse et qui nous répare.
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| Liens Internet pour recherches complémentaires et approfondissements : Site Ricochet, qui présente l’ouvrage de façon générale et qui renvoie aux diverses éditions de l’œuvre :
http://www.ricochet-jeunes.org/livre.asp?livreid=104&them=Marionnette
Site qui propose le texte de Carlo Collodi en version complète chapitre par chapitre avec possibilité de le copier sur word :
http://perso.wanadoo.fr/claude.sartirano/ Questionnaire proposé à des enseignants concernant Le livre de C. Collodi :
http://www.weblettres.net/ar/articles/8_48_140_lee23.pdf Tout savoir sur Pinocchio, un site très riche, comportant une galerie de portrait de Pinocchio dans les éditions diverses depuis le début de sa création.
http://perso.wanadoo.fr/ecole.mat.hilard/pino.htm http://spip2.crdp.ac-grenoble.fr/rubrique.php3?id_rubrique=58
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