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Accompagnement des sujets d'étude d'Histoire-Géographie en seconde professionnelle
I - Clé d'entrée Partagé entre recherche de vérité historique et souci de cohésion nationale, ce sujet d’étude convoque des enjeux mémoriels, reflets d’affects identitaires et de débats depuis la loi de mai 2001 qui qualifie la traite négrière et l’esclavage de crime contre l’humanité. En échappant à une tyrannie de la mémoire, ce sujet invite à poser sereinement la question apaisée des héritages et de l’avenir de l’outre-mer à une France métissée largement représentée dans les classes de lycées professionnels. Il s’agit de localiser le domaine colonial constitué par la monarchie française de François 1° à Louis XV puis d’étudier les modes de domination sociale et économique fondés sur l’esclavage dans le cadre d’une concurrence commerciale entre les puissances maritimes européennes. II – Perspectives On ne détaille pas la chronologie d’une colonisation empirique, marquée davantage par l’importation de ressources complémentaires de la métropole sous l’égide de compagnies à charte que par la volonté politique d’un peuplement durable. De l’exploration du Saint-Laurent par Cartier (1534) au contrôle provisoire du Deccan par Dupleix (1742-1754) en passant par la prise de possession des îles à sucre entre 1635 et 1650, jusqu’aux pertes territoriales de la guerre de Sept Ans contre l’Angleterre (traité de Paris - 1763), on distingue sur un planisphère 3 zones géographiques à l’apogée du XVIII° siècle : La Nouvelle France du Canada à la Louisiane, les Antilles et la Guyane, les Indes et les possessions côtières sur les routes maritimes des océans atlantique et indien (enclaves côtières de l’Afrique, de la Sénégambie à l’île Dauphine – future Madagascar). On montre les caractères spécifiques de cette colonisation initiée par des explorateurs ou des armateurs de pêche (notamment protestants), bientôt soumise aux rivalités hégémoniques entre la France, la Hollande et l’Angleterre. Elle est encadrée par une volonté étatique de contrôle sous Richelieu et surtout Colbert inspirée par la théorie du mercantilisme de l’économiste Montchrestien (1615). Colbert, chargé des finances et de la marine royale, favorise les entreprises coloniales en créant le monopole du pavillon en 1670 qui fonde le régime de l’Exclusif au seul profit de l’Etat et des nationaux pour la production, les échanges et le transport. Des compagnies commerciales à charte sont créées, celles des Indes Occidentales (fondée au Havre-1664, supprimée en 1674) et des Indes Orientales (Lorient-1664) assurant l’importation des produits à forte valeur ajoutée (sucre, café, tabac, indigo, soies et cotonnades, porcelaines, épices). Cependant, les lourdeurs des règlements et des tarifs douaniers, les échecs d’une installation durable en Nouvelle France, à l’île Dauphine ou en Guyane (qui devient une terre d’expiation pour bagnards), les faibles capitaux investis et la supériorité de la Royal Navy amenuisent les intérêts commerciaux d’un royaume plutôt continental et malthusien qui préfère la flibuste et la guerre de course (succès de Jean Bart). La défaite de la guerre de Sept Ans affecte peu les Français. L’article « colonies » dans l’Encyclopédie est symptomatique : « Les compagnies de commerce dérogeraient à leurs institutions si elles devenaient conquérantes ». Seules les Antilles apportent une relative prospérité au royaume (près de 20 % des échanges) par le commerce triangulaire qui profite aux ports et par la traite transatlantique régulée par le Code Noir (1685). On consacre la moitié du temps au système de la traite (entre 10 et 15 millions d’esclaves déportés – au 2/3 des hommes-), vaste échange de produits quotidiens et d’armes à feu contre des êtres humains entre la France, les états africains et les Antilles, aux profits suffisants pour durer du XVI° siècle à 1815. On s’interroge sur le rôle de l’économie de la traite comme moteur de la prospérité des Lumières et dans le démarrage industriel de l’Europe ainsi que sur les stratégies du commerce triangulaire, notamment les interactions entre les négociants français et les états africains co-organisateurs de la traite. Enfin, la période comprend les remises en question de la traite et de l’esclavage, fondées sur des arguments humanistes ou religieux inspirés des Quakers anglo-saxons : Un ouvrage collectif signé de l’abbé Raynal en 1770 suivi des Réflexions sur l’esclavage des Nègres de Condorcet en 1781 ouvrent au nom de la morale et du droit naturel, la porte à l’interdiction de la traite avant le courant abolitionniste du XIX° siècle. Pourtant la Révolution ne désavoue pas la colonisation et renforce même le système de l’Exclusif en 1793. Si l’esclavage est aboli par la Convention en 1794, suite aux révoltes d’esclaves en 1791, il est rétabli par Napoléon 1° en 1802 tandis que la traite négrière n’est interdite qu’en 1815. III – Situations Chacune des 3 situations proposées traduit ainsi les forces et les faiblesses de l’aventure coloniale française d’Ancien Régime :
IV - Liens
V - Ressources P. PLUCHON, Histoire de la colonisation française. T1, Le premier empire colonial. Des origines à la Restauration. Fayard, 1991. O. PETRE-GRENOUILLEAU, les Traites négrières. Essai d’histoire globale. Gallimard, 2004. M. FERRO, Le Livre noir du colonialisme. XVI°-XXI° siècle : De l’extermination à la repentance. Poche Pluriel, 2008. J. BAUTIER, Atlas de l’histoire de France, T2, XVI°-XIX° siècle, Autrement, 2006. DGESCO, La traite négrière, l’esclavage et leurs abolitions, SCEREN-CRDP, académie de Versailles, 2007. Sitographie http://www.cndp.fr/memoire/esclavages/college-lycee/presentation.htm Voir les dossiers sur la réalité de la traite, le système esclavagiste colonial, l’abolition de l’esclavage, et la sélection de documents. Site Histoire Géographie de l’académie de Rouen En collaboration avec le Comité pour la mémoire de l’esclavage, l’Académie de Rouen propose des ressources bibliographiques et pédagogiques sur le sujet de la traite négrière et de l’esclavage, et fournit aux enseignants des ressources Le Comité pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage propose un site riche en ressources pédagogiques et bibliographiques. Site www.comite-memoire-esclavage.fr/s du musée d’histoire de Nantes et du musée du Nouveau Monde de La Rochelle François BARRIÉ, IEN-EG Lettres-Histoire-Géographie, académie de Limoges, juin 2009 |
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