télécharger 22.35 Kb.
|
Hier le baby-boom; demain le papy-boom La question du vieillissement un enjeu urbain majeur et une opportunité pour les villes de «province» Par Jean Marc Julien – Vice-président de Générations et Cultures La ville de demain sera nécessairement âgée, ce n’est pas une découverte, toutes les études démographiques le démontrent. Malheureusement nos cités sont loin d’être adaptées aux besoins et attentes de leur population âgée, et tout particulièrement les territoires péri-urbains qui cumulent mono population vieillissante, dispersion des équipements, problématique d’accessibilité et surtout de la solitude. Par ailleurs, la problématique du vieillissement de la personne âgée est à prendre en compte dans sa globalité tant par les acteurs sociaux que par les politiques publiques qui les déclinent sur un territoire. La planification urbaine et les services sur un territoire constituent donc les outils indispensables pour aborder cette question du vieillissement dans une approche préventive et non plus «exclusivement dans une approche curative». Une telle démarche planificatrice doit permettre de mieux connaître, et donc mieux anticiper les évolutions en terme de mode de déplacement, de mode d’habiter et d’adaptation des équipements au vieillissement de la population. Mais, requiert une grande capacité à développer une approche transversale entre le secteur de l’urbanisme et de l’aménagement et le secteur médico-sanitaire et social. «Vieillir chez soi parmi les autres… Les projections de l’INSEE prévoient à l’horizon 2050 un doublement des personnes âgées de 60 à 74 ans, un triplement du nombre des personnes âgées de 75 à 84 ans et un quadruplement du nombre des personnes âgées de 85 ans et plus. Effet combiné du papy-boom (arrivée dans les âges élevés de la génération du baby-boom) et de l’allongement significatif de l’espérance de vie, on parle de géronto-croissance. Une explosion annoncée dont il ne faut certes pas redouter les effets mais qu’il faudra savoir anticiper. ![]() Ne devons nous pas vivre en confiance avec l’idée que les Séniors seront de plus en plus nombreux dans les quartiers et nous savons par ailleurs que ceux-ci tiennent à vieillir chez eux1, tout en recherchant aussi des bienfaits de la vie en société. Cela veut dire également retourner parfois dans leurs régions d’origine, dans des villes moyennes offrant les bienfaits d’une vie sociale et culturelle de qualité . Villes moyennes aujourd’hui parfois en déclin démographique qui ont, dans les années passées, par le jeu de l’immigration vers l’emploi et les grandes métropoles, perdus une part notable de leur population et de leur vitalité . Comme le papy-boom succède au baby-boom l’inversion des flux migratoires des grandes conurbations saturées, polluées, engorgées vers des villes agréables offrant services et souvent logements peut devenir une réalité répondant au vieillissement de la population recherchant des solutions de logements et de vie adaptées à leur nouvel handicap de l’âge Dans une perspective européenne, qui est confrontée au même phénomène de vieillissement, ces villes moyennes françaises ne peuvent elle pas prétendre devenir des lieux d’accueil d’exception. Comme le furent nombre de cités et de régions françaises pour accueillir les tourismes étrangers par leur qualité de vie et leur «relative disponibilité». La France avec ses villes moyennes de «province» offre des lieux urbains de très grandes qualité qui par des adaptations adéquates seraient ainsi susceptibles de développer des économies résidentielles propices à un redéploiement économique significatif ![]() Dans un premier temps, se préparer au "papy-boom", annoncé pour les années 2015 et en relever ensuite le défi ne signifie-t-il pas : Anticiper et Adapter, selon les besoins de chaque étape du vieillir, la localisation et l'aménagement des logements seniors ? Mais tout en recherchant des réponses adaptées à cette question, il apparait que le "bien vieillir" de nos habitants, actuels et futurs, soulève d'autres questions :
![]() Ces aspects interfèreront étroitement sur la manière de bien choisir sa ville où vieillir. L’offre de logements adaptés est une condition sine qua non mais l’existence d’une stratégie urbaine et de services d’accueil pour les personnes âgées parfois réticentes au changement d’environnement sera discriminante et déterminante. Ainsi, l'allongement de la durée de la vie soulève d'autres questions, aux quelles il importe d’apporter des réponses
Bien accueillir les séniors dans la « cité » est donc une question d’éthique, mais pas seulement, c’est aussi une nécessité posée aussi bien par la nécessité d’une acculturation facilitée et d’une reconstruction de la sociabilité que l’appauvrissement de nombreux retraités et la prévention des risques d’accident et de santé. Vieillir à domicile est également un enjeu de finances publiques. Dans ce contexte de raréfaction des ressources, les villes moyennes à taille humaine (c’est à dire riche d’une centralité culturelle et sociale, de services et d’équipements qui fondent la qualité du vivre ensemble), et leurs partenaires (services sociaux , de santé, d’animation, etc., doivent mettre en œuvre une méthode innovante de réflexion et d’action au service du développement local. dont le principe peut se résumer ainsi: Une stratégie fondée sur l’éthique pour répondre aux questions du vieillissement Fonder sur l’éthique et élaborer en concertation avec les personnes âgés, les associations de quartier, les professionnels de l’aide à la personne et les bailleurs publics et privés, l’enjeu pour les villes est de bâtir et mettre en place un projet qui place « l’habitant Sénior » au cœur des décisions pour un aménagement durable et un meilleur cadre de vie. Ce projet, ou outil de référence, doit, dans un premier temps, permettre d’effectuer un diagnostic de l’existant sur n’importe quel territoire (ville, quartier, immeuble) pour, dans un deuxième temps, donner surtout à termes, des orientations dans le cadre des projets d’attractivité, d’aménagement urbain et de construction ou de réhabilitation. Pour ce faire, cet outil devra s’appuyer sur les 4 grands domaines issus de l’analyse croisée Habitat/Habitant et Espace personnel/Espace collectif :
pour lesquels des critères et des indicateurs fiables et objectifs seront définis et collectés afin d’en caractériser la disponibilité et l’accessibilité.. C’est avec un tel diagnostic, que la ville ou le territoire concerné pourra affirmer son rôle d'acteur innovant et pourra offrir à ses partenaires de partager un même esprit d’anticipation, et de s’engager dans la voie d’aménagements urbains adaptés à toutes les générations. Dorénavant, l'approche ne consistera plus à chercher des solutions POUR les habitants, mais à concevoir et réaliser la ville durable AVEC les habitants. Il est clair que ces questions débordent largement des compétences propres des bailleurs sociaux et privés, c'est pourquoi un large partenariat à l’initiative de la Collectivité doit être enclenché avec les autres acteurs concernés, pour mener à bien la démarche, dont les finalités consisteront à répondre aux quatre enjeux suivants :
1 Ce chez eux peut signifier également un retour dans la « ville » de leur terroir culturel d’origine Hier le baby-boom; demain le papy-boom Page |