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Actu SES © Hatier – Joëlle Bails Fiche d’exploitation pédagogique La « monnaie hélicoptère » au secours de l’Europe Dominique Baillard, Aujourd’hui l’économie, RFI, 15 mars 2016. Distribuer de l'argent aux ménages pour relancer la consommation. Cette idée a priori simple fait de plus en plus d'émules en Europe, un concept que les économistes ont baptisé monnaie hélicoptère.Imaginons un instant des hélicoptères virevoltant au-dessus de nos têtes et semant au vent une pluie de billets. Logiquement, tout le monde se précipiterait pour récolter cette manne céleste et la dépenserait. Voilà un moyen a priori facile de doper la consommation et de faire ainsi remonter les prix. Cette métaphore de la monnaie hélicoptère, car c'est bien une image et pas encore un outil conventionnel à la disposition des banquiers centraux, est une trouvaille de l'économiste américain Milton Friedman. Il voulait ainsi démontrer dans les années 1960 qu'il est possible d'agir efficacement pour ranimer l'inflation. Ranimer l’inflation, c'est exactement la mission que la Banque centrale européenne n'arrive pas à remplir. D'où l'idée du recours à la monnaie hélicoptère, promue par le mouvement Quantitative Easing for People (« l'assouplissement quantitatif pour le peuple ») lancée par des économistes de l'Europe entière. Pourquoi cette monnaie hélicoptère serait plus efficace ? Jusqu'à maintenant, la BCE s'est adressée aux banques. C'est d'ailleurs son rôle de leur donner des impulsions. La BCE a commencé à baisser les taux d'intérêt pour inciter les ménages à emprunter. Faute de résultat probant, elle est passée à la vitesse supérieure en rachetant de la dette détenue entre autres par ces banques pour leur redonner de l'argent et donc des moyens de faire crédit. Les spéculateurs adorent, ils en jouent, cela crée des bulles dangereuses sur les marchés, mais l'économie réelle n'en a pas bénéficié. Ces capitaux frais restent bloqués dans les tuyaux des marchés, la courroie de transmission des banques semble cassée. Avec la monnaie hélicoptère, on esquive les banques en donnant directement aux ménages. Mario Draghi, le président de la BCE, trouve l'idée intéressante C'est ce qu'il a répondu à des journalistes la semaine dernière en prévenant d'entrée de jeu que le recours à un tel dispositif n'a pas encore été envisagé, ni même abordé au sein du conseil des gouverneurs. Car cet instrument séduisant est d'abord peu conforme à l'orthodoxie financière et ensuite techniquement compliqué à mettre en œuvre. Il faut déterminer le montant utile et le moyen de distribuer l'argent. Le crédit d'impôt qui apparaît comme la solution la plus facile nécessite le vote d'une loi, donc une procédure longue et coûteuse et pas forcément bien répartie. […] Il y a donc des obstacles techniques à franchir, sans parler des réticences des banques et des marchés qui n'ont rien à gagner dans une telle opération. La monnaie hélicoptère ne risque-t-elle pas de faire flamber l'inflation ? Quand les banques centrales financent directement les États, ils se mettent à dépenser sans compter, on a alors effectivement un risque d'hyperinflation et donc de crise de la dette, c’est ce qui s’est passé au Zimbabwe. Mais la monnaie hélicoptère n'est pas un crédit, mais un plus offert aux agents économiques. Avec cependant des risques. Rien ne dit que les ménages achèteront des produits fabriqués en Europe ; le danger, c'est de faire grimper les importations, et donc de détériorer la balance commerciale sans relancer l'économie locale. C'est donc un outil à utiliser avec précaution ; il serait peut-être plus utile aux entreprises qu'aux ménages. On n’en est pas encore là. Mais l'idée fait son chemin, cela démontre à quel point la politique menée par la Banque centrale européenne est aujourd'hui démonétisée. Exploitation pédagogique
Corrigé
D’une part, la baisse de son taux directeur qui diminue le coût du refinancement des banques. Ces dernières répercutent cette baisse sur les taux d’intérêt auxquels elles prêtent aux agents économiques, ce qui doit encourager le crédit. D’autre part, l’assouplissement quantitatif (ou QE pour « quantitative easing ») qui consiste à fournir les banques en liquidités contre le rachat de titres de dettes. Ces liquidités doivent inciter les banques à financer plus largement l’économie.
Il faut ensuite déterminer sous quelle forme peut se faire cette opération. Cela peut être par exemple un crédit d’impôt accordé aux ménages. En une seule fois ou sur la durée ? D’un même montant pour tous les citoyens de la zone ou d’un montant variable selon des critères géographiques (plus pour les pays les moins riches de la zone) ou sociaux (plus pour les ménages les plus pauvres). Se pose alors la question de savoir qui a la légitimité pour décider de ces choix (voir Q6).
Ensuite, il y a le risque que cet argent soit utilisé par les ménages pour acheter des biens importés, ce qui détériorerait les échanges extérieurs de la zone au lieu de stimuler sa croissance. Enfin, se pose aussi une question plus politique, celle du rôle de la Banque centrale européenne. Cet aspect n’est pas abordé dans l’article mais on peut soumettre à la réflexion des élèves ce passage d’un article de La Tribune (Romaric Godin, »La BCE prête à sortir son "monnaie hélicoptère" », 18 Mars 2016) évoquant la dépossession des États : « En contournant les banques, la BCE contournerait également les gouvernements élus. Elle ferait en réalité un plan de relance sans l'accord des États. La banque centrale indépendante serait-elle alors toujours dans son rôle ? N'est-ce pas aux représentants des citoyens de déterminer quelles dépenses relèvent ou non de l'intérêt général ? N'est-ce pas au Conseil européen ou au parlement de construire un plan pour l'ensemble de l'Europe ? ». De ce point de vue, cette proposition est révélatrice de l’impuissance de la zone en matière de politique budgétaire. |
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