Chapitre 3 : La liberté et les fondements de la justice. Fiche réalisée par Chloé LESCARRET.
Le célèbre économiste tente de concilier le souci de la croissance avec les exigences humaines et éthiques. Le monde n'est pas seulement partagé entre riches et pauvres. Il est aujourd'hui divisé entre ceux qu'inquiètent les ravages du capitalisme global et ceux qu'effraie la terreur que font régner les États qui brident la liberté individuelle et l'initiative privée. Comment faire en sorte que la prospérité économique permette à chacun de vivre comme il le souhaite ?
Une partie de sa recherche appuyée sur la micro-économie et l'individualisme méthodologique porte sur la théorie des choix collectifs. Un nouveau modèle économique constitue une synthèse des principaux travaux de Sen, qui tous s'articulent autour du thème des libertés réelles dont jouissent les individus.
Dans ce chapitre, Amartya Sen dit que toute notion de justice suppose que l’on ait fait un choix entre plusieurs principes possibles et que l’on dispose d’une base d’information adaptée. Or les bases d’information qui servent de référence – de façon explicite ou implicite – aux utilitaristes, aux libertariens ou aux rawlsiens sont affectées de sérieux défauts, dès que l’on accorde toute son importance aux questions des libertés individuelles.
L’utilitarisme classique développé par J. Bentham, ne retient que l’ « utilité », c’est à dire le plaisir, le bonheur ou la satisfaction et ignore non seulement des données aussi capitales que les libertés individuelles, l’exercice ou la violation des droits légaux, mais aussi la distribution réelle des « utilités » ; autre critique : les catégories mentales comme le plaisir ou le désir sont trop malléables pour servir d’étalon. A la suite de Rawls, les libertariens ne s’intéressent pas aux notions de bonheur ou de contentement des désirs mais seulement aux droits et aux libertés ; mais pourquoi donner à la liberté la priorité devant la satisfaction de besoins économiques vitaux ?
La théorie contemporaine du choix emploie la notion d’utilité mais en l’identifiant simplement à la représentation numérique du choix d’une personne, pour répondre aux critiques qui ont montré que les comparaisons interpersonnelles des états d’esprit de personnes différentes n’avaient aucun sens. On se borne donc à regarder le comportement des gens.
A. Sen passe en revue toutes les variables qui s’interposent entre le revenu et le bien-être – notion qui englobe la liberté, l’hétérogénéité des revenus, les services publics, la nature des relations sociales, la disposition des « biens premiers » de J. Rawls (« les droits, les libertés et les opportunités, le revenu et la richesse, et les base sociales de l’estime de soi »)
Quant à lui, il propose de prendre en compte les libertés individuelles (qu’il distingue des utilités) et aussi leurs conséquences et d’approcher la justice par les « capacités ». Il est alors important de prendre en compte non seulement les biens premiers détenus par les individus, mais aussi les caractéristiques personnelles qui commandent la conversion des biens premiers en facultés personnelles de favoriser ses fins. Pour cela il recourt au concept de « fonctionnement », issu en droite ligne de l’aristotélisme et de « capacité ». D’une part, la combinaison des fonctionnements, pour une personne donnée, reflètera ses accomplissements réels et d’autre part, l’ensemble des capacités représentera sa liberté d’accomplir, c’est à dire les combinaisons de fonctionnements possibles à partir desquelles cette personne peut choisir. Alors l’évaluation peut porter sur les fonctionnements réalisés ou sur les capacités.
Les comportements individuels se prêtent mieux aux comparaisons interpersonnelles que les utilités; mais les comparaisons des avantages globaux exigent encore une fois une opération d’ « agrégation » de composants hétérogènes. Or l’expérience montre que, bien que cela soit théoriquement impossible, il existe des procédures qui permettent d’établir un ordre « complet » ou presque complet, pour évaluer et comparer une organisation sociale.
Laura
Davy
La nouvelle économie
Amartya Sen
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