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Section 2 : La théorie des places centrales Dans cette section on va étudier la notion de centralité et on va étudier la manière dont les entreprises et les autres agents économiques vont se localiser dans l’espace par rapport au centre. Dans le cadre des travaux de Hotelling sur la concurrence spatiale, il n’y a pas de réflexion spécifique sur le centre. Ce que l’on va faire dans cette section, c’est l’hypothèse que les villes et les places de marché sont localisées, et on va se poser la question de la structuration optimale des villes. Les 2 plus célèbres contributions concernant cette théorie des places centrales :
Ces économistes ont développé 2 concepts :
C’est Christaller (1933) qui propose la théorie des places centrales à partir d’un travail empirique et inductif sur l’organisation spatiale en Bavière. De son côté, Auguste Lösch s’intéresse à un paysage économique complet c.-à-d. concernant et impliquant l’ensemble des branches d’activités, et il va introduire dans son schéma d’analyse les facteurs réels, des éléments politiques, des éléments économiques, des éléments naturels, mais également des éléments humains. Il nous dit que la raison principale qui pousse les individus dispersés sur un territoire à s’agglomérer, à se regrouper, est de pouvoir accéder à des services en minimisant les couts de transport. Les 2 auteurs ont travaillé séparément et ont aboutis à des résultats complémentaires, et on dit souvent que les travaux proposés par Lösch généralisent les travaux de Christaller. La question posée est : « Quelle est la structuration optimale de l’espace autour de places centrales, de places de marché qui sont centralisées ? ». il y a deux dimensions dans cette question initiale :
Le centre est un lieu ou un espace privilégié pour les échanges et les interactions économiques. Autrement dit, c’est la nécessité de l’échange et des interactions qui impliquent le regroupement même ponctuel de ces populations en un lieu privilégié du point de vue des distances à parcourir. On parle de distance, par ce que c’est le centre qui permet de minimiser le cout de transport des marchandises. Donc finalement le choix du centre obéit à une raison très simple : C’est d’accéder à un ensemble d’activités et de services tout en minimisant les couts de déplacement. Les consommateurs doivent payer le prix du bien, plus le cout du transport. Donc au fur et a mesure qu’on s’éloigne du point i, les cout de déplacement augmentent et donc le prix augmente. ![]() Exemple : Supposons quatre points Z1, Z2, Z3 et Z4, situés à l’intérieure de l’aire de marché d’une ville i. Supposons que les aires de marché soient des cercles. ![]() Carré de longueur 10km. La longueur de la diagonale Z1 Z3 (au carré, Pythagore) = 10² + 10² = racine de 200 = 10 * racine de 2= 14,14. Donc de manière générale, si mon carré est de longueur a, sa diagonale est égale à a*racine de 2. Si je fais l’hypothèse qu’il y a un consommateur à chaque sommet du carré. Alors, on peut calculer le nombre de kilomètres à parcourir pour atteindre un point quelconque du carré. L’idée c’est de dire que si j’ai un consommateur à chaque sommet et mon centre en i, quel est le cout pour que ces consommateurs se rendent sur le marché. Evidemment la distance, si i est au centre, c’est 4 fois 7,07, et donc ça fait 28,28km. Maintenant si on fait l’hypothèse que ce lieu de marché se trouve sur un des sommets, par exemple en Z4. Les 4 autres consommateurs on les localise en Z1 Z2 Z3 et i. La distance cumulée pour l’ensemble des consommateurs va changer. La distance agrégée pour se rendre en Z4 = 10km + 10km + 7,07km + 14,14km = 41,21km. Donc on voit qu’a partir du moment où on met le lieu d’échange en un autre endroit que le centre du carré, on augmente la distance, agrégée pour se rendre sur e lieu de marché, et par conséquent on ne maximise pas les échanges ou les interactions possibles. On vient de montrer que le centre c’est le lieu privilégié de localisation des différents marchés par ce que ça permet de minimiser les distances entre les différents agents économiques, et par conséquent c’est a cette localisation la que les échanges et interactions seront maximales. Deuxième temps de l’analyse : Quelle est la forme de ces aires de marché et comment est-ce qu’elles vont s’organiser entre elles ?
Christaller avait remarqué que l’organisation spatiale n’était pas faite au hasard, mais était rigoureuse et ordonnée. Cette organisation donne naissance à des réseaux de ville, des réseaux urbains qui sont hiérarchisés. Ca veut dire que toutes les places de marché, toutes les villes n’ont pas la même importance ou la même taille et n’offrent pas le même type de services. Et c’est précisément ça que Christaller cherche à expliquer, il cherche à expliquer la taille, le nombre, et surtout la distribution des villes. Pour ce faire, il part de la constatation qu’un bien est offert à partir d’un lieu central et que la zone de desserte de ce lieu représente donc un cercle qui correspond à sa zone de chalandise (clientèle). Plus précisément, s’il y a un seul lieu de marché dans l’espace, et s’il n’y a pas de contraintes alors la place centrale peut atteindre sa taille optimale et sa forme optimale est le cercle. Pour bien comprendre cela il faut distinguer 2 situations :
![]() Dans ce cas, le modèle de Von Thünen est parfaitement adapté, et Christaller retrouve les conclusions principales du modèle de Von Thünen.
Première situation : ![]() Si sur les deux places il y a des produits ou prix différents, le consommateur qui se trouve sur la droite du milieu, il peut choisir l’un ou l’autre. Il est indifférent entre A et B. Par contre, l’individu situé à la droite de la droite rouge, il est plus près de B et par conséquent il va jamais aller en A. Donc les zones se confondent un peu, on supprime les parties du cercle qui se croisent. Tout individu situé sur la droite rouge a un cout de déplacement identique, qu’il se rende sur la place centrale A ou B. On voit bien dans ce cas là, que si l’espace est rare, les zones de chalandise circulaire vont avoir des points communs, ce qui va en modifier leur forme Deuxième situation : ![]() Ca devient ça : ![]() La représentation circulaire de l’aire de marché n’est plus appropriée. Le modèle de Von Thünen est inadapté car il laisse des zones interstitielles (zone hachurée en rouge) qui ne sont pas desservies par les différents centres. Afin de déterminer l’organisation spatiale dans ce cas (ou il y a plusieurs vendeurs, plusieurs places centrales), il faut supposer que le consommateur se dirige vers l’offre la plus proche. Dans ce cas, les zones de chalandise des places centrales sont alors déterminées par des segments de droite situés à égale distance des deux points d’offre concurrents. Dans ce cas également, l’organisation spatiale la plus efficace est fondée sur des hexagones de façon à éviter les zones non couvertes (interstitielles). Par conséquent, les aires de marché des places centrales sont des polygones ou des hexagones. Ces polygones se dessinent en utilisant la méthode de Thiessen, qui est une technique d’interpolation qui s’effectue en 4 étapes.
![]()
Jusqu’à avoir une première couronne et ainsi de suite. Donc le polygone qui contient la place centrale considérée est le lieu géométrique des points situés plus près de cette place centrale que toutes les autres. C’est ce qui permet de définir la zone de chalandise du lieu central (le polygone central c’est la zone de chalandise du lieu central). Cette méthode néglige malheureusement toute différence d’attractivité ou d’importance entre les différentes places centrales. On a pas considéré les différences d’attractivité, les différences dans les produits, et on a pas tenu compte de la plus ou moins grande facilité que l’on a pour se rendre d’un point à un autre. Si je généralise ça, l’espace dans son intégralité est couvert d’hexagone. Maintenant je peux représenter ça d’une autre façon : ![]()
On suppose dans ce paragraphe que les vendeurs sont localisés en un point (A, B ou C), et qu’ils ne peuvent pas modifier cette localisation. A présent, on fait l’hypothèse que les entreprises peuvent modifier leur aire de marché en modifiant les techniques de production (c.-à-d. en augmentant leur productivité) ou en modifiant les moyens de transport. Cette modification des moyens de production ou des moyens de transport, ça modifie les aires de marché. Comment ?
Donc si les couts de transport baissent pour chaque firme dans les mêmes proportions et comme dans cet exemple les productivités des firmes ne sont pas modifiées, alors les intersections se feront toujours au même point ce qui signifie que les marchés de chaque firme ne changent pas de taille. Autrement dit, aucune entreprise ne perd ou ne gagne de consommateurs.
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![]() Donc une amélioration des couts de transport c’est équivalent à une amélioration de la productivité. Si on combine les deux, ça augmente l’aire de marché encore plus. Ca peut se traduire par un certain pouvoir de marché par ce que si je suis particulièrement innovant, je peux faire sortir du marché les producteurs en B et en C.
Une fois qu’on a expliqué que les individus se regroupent autour d’une place centrale dans des espaces optimaux, il faut alors expliquer l’organisation de l’espace total d’un pays, et en particulier il faut savoir si chaque place centrale va offrir les mêmes types de biens et services ou encore si toutes les places centrales vont avoir des aires de marché de même surface. Intuitivement on comprend que non. Il va se produire une spécialisation qui dépend du nombre d’individus (ou de consommateurs) et plus il y a de consommateur plus la place centrale aura une aire de marché importante. C’est exactement ce que montre Christaller, c.-à-d. qu’il existe une spécialisation et une hiérarchisation des places centrales.
Les biens et services supérieurs se caractérisent par 5 propriétés :
Les biens et services inférieurs ont des caractéristiques inversées. A partir de ces hypothèses, on va pouvoir expliquer comment se structure et s’organise l’espace. Les activités analogues qu’on qualifiera de même rang vont se regrouper entre elles et donner naissance à des réseaux de petites places centrales. ![]() Place A rang > B rang > C. Les villes de rang supérieur offrent des services de niveau élevé. Les biens et services de niveau élevé ont une portée limite ou une aire d’influence élevée, et donc sont peu nombreux et vont se localiser dans un nombre réduit de centre. La zone d’influence de A c’est l’ensemble du grand hexagone. Ces services d’ordre supérieur s’installent dans les centres existants en raison des économies d’agglomération et des économies d’échelle. A l’opposé, les biens et services inférieurs ont une aire de chalandise faible. Par conséquent, ils sont produits dans de nombreuses places centrales. Chaque place centrale d’un rang donné offre tous les biens et services des places centrales de niveau inférieur + tous les biens et services qui sont propres à son rang. L’aire d’influence des centres de rang inférieur s’insère dans celle des centres de niveau supérieurs et l’aire de marché de la ville qui occupe le rang A englobe l’aire de marché des autres places centrales du système. Et cette ville de rang A est la seule à offrir les services les plus spécialisés. |
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