
______________________________
« L’Entreprise Multiculturelle » de YVON PESQUEUX
_________________________
Par Grégory TZAMANIS
N° Auditeur : 03-11284
Développement des systèmes d’organisations Cours de Monsieur Yvon PESQUEUX
Paris, le 10 mai 2003
Plan de la fiche de lecture
Postulats
Hypothèse
Démonstration
Résumé de l’ouvrage
Conclusion
Discussion et Critiques
Actualité de la question
I. Postulats
La compréhension du Projet de l’ « Entreprise Multiculturelle » de Yvon PESQUEUX, repose sur des concepts dont l’exploration encyclopédique fera l’objet dans cet ouvrage. Ainsi, les thèmes suivant seront approfondis :
La mondialisation et des entreprises multinationales (effets et conséquences)
La mise en place de ce postulat fera apparaître dans un premier temps, la nature de l’Entreprise Multinationale dans sa vocation impérialiste à imposer sa vision du monde au nom de l’efficience sous l’angle économique.
La culture (Dans ses différentes approches au fil du temps et des disciplines)
- La lecture du « fait culturel » dans la perspective anthropologique posera la question de la substance multiculturelle de la mondialisation
- La question de la « culture en gestion » dans le second chapitre, met en évidence l’approche culturaliste et organisationnelle et organise la réflexion autour du poids de la culture sur les comportements.
- L’ « ambiguïté du fait culturel » dans le troisième chapitre, propose des éléments de compréhension de ce concept aux diverses perspectives possibles. Enfin, les définitions de la culture et une conclusion sur les modèles de pensée philosophique d’Aristote et de Confucius achèveront de poser les jalons nécessaires à la mise en perspective du projet de l’ouvrage.
II. Hypothèses Cette première lecture verticale a posé les implicites des notions évoquées ci-dessus et permet de mettre en perspective l’hypothèse qui se dégage de la lecture transversale de l’ouvrage. Ainsi, le projet conduit à étudier :
La manière d’appréhender la substance de l’Entreprise Multinationale dans sa vocation à se réaliser dans des espaces culturellement différents.
Cette hypothèse se décline en deux volets :
L’étude de la perspective impérialiste de l’Entreprise Multinationale
L’étude de la question de la diversité culturelle et la concrétisation de son respect
III. Démonstration Le vaste et ambitieux projet proposé par l’auteur permet au fil des chapitres d’apporter des moyens de compréhension aux question ci-dessus. Le schéma simpliste suivant servira de référence à la réflexion qui sera portée autour de la problématique :
 
- Fait Impérialiste (Soi chez l’Autre) - Fait Diasporique (l’Autre chez Soi)
--> Dérive de l’assimilation universelle --> Dérive communautarienne
- Mêmes schéma de traitement des - Multiculturalisme
territoires et produits
- Vision produit - Vision territoire
L’intérêt de ce schéma est de révéler la problématique et de poser les jalons de l’argumentation du projet dans le cadre de la démonstration. En effet, d’une part l’entreprise multinationale affirme sa vocation à traiter les produits et les territoires selon les mêmes schéma, fait impérialiste (à gauche), et, d’autre part un multiculturalisme venant reconnaître le fait diasporique (à droite). Ainsi, l’oscillation qui opère entre l’impérialiste et le diasporique signifie la substance de l’entreprise multinationale, substance qui est l’objet de la question. Le projet de l’ouvrage ainsi que la démonstration qui va suivre révélera la manière d’appréhender la problématique en parcourant les deux extrêmes de l’ « oscillation » de gauche à droite.
Le premier chapitre éclaire la réflexion sous l’angle de la domination des Entreprises Multinationales :
L’objet de ce texte est de démontrer la nature même de l’Entreprise Multinationale dans sa vocation purement économique et se manière univoque d’appréhender la substance multiculturelle.
L’étude de ce chapitre évoque successivement les effets et les conséquences de la mondialisation et des Entreprises Multinationales, la perspective gestionnaire de la multiculturalité par celles-ci et enfin une approche anthropologique de la question de la culture. Cette question ouvre le champ à la relecture de la substance multiculturelle de la mondialisation.
La mise en perspective du projet de « gommage » des différences culturelles implique donc la nécessité de se poser la question de la substance multiculturelle de l’activité économique.
Le deuxième chapitre aborde la question de la culture en gestion.
Ainsi, notre hypothèse est ici étudiée sous l’angle de l’approche culturaliste. Cette approche met en perspective le fondement des « références ultimes » en ce qu’elles permettent de parler de culture comme opérateur de pensée sur l’organisation.
Ainsi, la confrontation entre le champ de la culture et l’organisation nous conduit à expliquer l’intérêt d’une telle approche dans la compréhension de la problématique.
De ce texte se dégage aussi la question des différences culturelles.
Le troisième chapitre, sur l’ambiguïté du fait culturel, pose la question de la diversité culturelle.
L’auteur propose dans ce chapitre, les éléments de compréhension de la culture vue sous plusieurs angles et autour de l’idée principale du relativisme culturel. Entre perspective « universaliste » et perspective « particulariste », la diversité des représentations est révélatrice de l’ambiguïté du fait culturel.
Ainsi la mise en perspective de la diversité culturelle au regard de l’entreprise multinationale revêt l’importance de comprendre la façon dont elle opère en son sein.
Le quatrième chapitre développe les différentes acceptions du concept de la culture selon les auteurs et les disciplines (successivement l’anthropologie, la sociologie, la sociologie de l’organisation et du travail et la science des organisations)
Cette étude donnera les éléments de la compréhension des systèmes de valeurs qui offre le point d’entrée dans l’entreprise et l’organisation.
Ainsi, le projet d’une socio histoire compréhensive est une nouvelle lecture de l’importance du projet de l’ouvrage.
Enfin, en guise de conclusion, le dernier chapitre offre une réflexion sur les enseignements de Confucius pour la pensée asiatique et la philosophie d’Aristote pour la pensée occidentale.
Dans l’argumentation menée ici, la place que prend la culture dans ce qu’elle revêt d’essentielle pour le projet de l’ouvrage, semble atteindre sa cible ultime.
En effet, l’ouvrage (et la démonstration) a parcouru l’ensemble de l’amplitude d’oscillation, en passant de la domination des entreprises nationales puis au fait culturel ensuite à la diversité culturelle et aux différentes acceptions de la notion de culture pour achever enfin sa démonstration sur l’importance de l’individu.
Et finalement de prôner l’importance de tenter de comprendre ce mélange qui le constitue et malgré tout son caractère unique. IV. Résumé de L’ouvrage
CHAPITRE I- La Mondialisation et le Fait Culturel
Il existe un antagonisme entre les valeurs de l’espace géographique des marchés et celle de l’espace géographique des nations. La problématique qui se dégage ici est la distance entre des entreprises « modélisées » avec des outils de gestion uniformisés et des espaces culturels différents. Il s’agit ici d’une part de la spécificité culturelle globale confrontée à la prétendue efficience d’outils formels de gestion et, d’autre part d’identifier le centre de gravité qui se dégage de la relation entre ces 2 influences. La question du modèle anglo-saxon Le modèle anglo-saxon prend naissance après la seconde Guerre Mondiale. En bénéficiant de l’expérience acquise dans « ses » pays, il s’est installé sous une forme pure et dure en europe. Celui-ci se caractérise par ses règles rigoureuses, son pragmatisme et son abstraction des spécificités propres aux pays « receveurs ». Par opposition, le modèle Rhéno-Japonais (incarné par l’Allemagne et le Japon) se caractérise par le rôle central de l’Etat et une démarche qui privilégie la production. Il se distingue de modèle anglo-saxon qui se base sur le pouvoir du marché et privilégie la consommation. Le modèle européen, fort de son passé, fait intervenir un 3ème acteur qui sont les partenaires sociaux. On voit donc ici un fonctionnement tripartite impliquant le marché, l’Etat et les partenaires sociaux. Il est intéressant de noter l’influence britannique au XIXème siècle qui était la source d’inspiration du modèle social des pays d’Europe (sécurité sociale Bismarckienne). La mondialisation telle qu’elle sera explicitée au paragraphe suivant, fait apparaître une tendance lourde : celle du modèle anglo-saxon. La Mondialisation
Dans la deuxième moitié du XXème siècle, le transfert de technologie se révèle être activateur de la substance multiculturelle de l’entreprise multinationale émergente. En effet, l’ouvrage met en exergue le fait qu’au travers des transferts technologiques (une des formes de culture), l’entreprise multinationale émergente subit, ou du moins détecte, les première influences de la culture dans l’organisation de l’internationalisation. Ce biais peut ainsi être interprété comme un fait diasporique de la technologie (« technologico-diasporique »), lui-même responsable du fait impérialiste, des entreprises multinationales et de la généralisation de leurs activités. Un autre fait concomitant à la généralisation des activités est l’appel d’air provoqué par les inadéquations politiques et juridiques locales avec l’aspect internationale des activités. En résumé, deux faits interviennent de manière concomitante :
la généralisation des activités internationales de entreprises, qui induit une déviance universaliste (dont la conséquence serait la mondialisation)
l’appel d’air des vides juridiques locaux qui mettent en exergue la tentation des entreprises d’imposer leur vision
Donc la mondialisation est la conséquence des entreprises multinationales. Mais la mondialisation serait aussi d’une autre nature dans les rapports que les entreprises multinationales établissent avec les lois locales. La multiculturalité se pose donc « intérieurement » au sein de l’entreprise multinationale, comme « sous-culture, et « extérieurement » en confrontation avec les cultures locales, comme « sur-culture ». On peut appréhender ces aspects de la manière suivante : l’entreprise multinationale émergente fait apparaître des cultures de groupe qu’elle exploite (sous-culture). Dans une vocation naissante à généraliser son activité internationale, sa conséquence est la mondialisation.
L’entreprise multinationale se trouve alors confrontée aux éléments de la culture locale (sur-culture).
De cette analyse se dégage l’équilibre entre la dérive de l’assimilation universelle et la dérive cummunautarienne (ou traditionaliste). La dimension politique et historique de ma mondialisation se pose alors naturellement. La Mondialisation en question Le modèle anglo-saxon prédomine sur le fin du XXème siècle et se justifie par l’extension du champs d’action des entreprises multinationales au niveau planétaire. Entre libéralisation des échanges internationaux et protectionnisme, des organismes régulateurs ( le Fond Monétaire International, l’Organisation Mondiale du Commerce, etc.) et des blocs commerciaux régionaux ( Communauté Economique Européenne, Accord du Libre Echange Nord Américain, etc.) se développent. Les échanges de marchandises sont ainsi favorisés et contrôlés. Ils connaissent un essor extrêmement important depuis les années 1860 à nos jours. La crise des années 30 et les deux guerres mondiales ont fait apparaître l’émergence de l’impérialisme anglo-saxon qui contrôle les principaux échanges internationaux, qui constituent les matières premières (blé, charbon, pétrole, etc.)
L’évolution des modes de consommation et le développement de la concurrence déplacent les échanges commerciaux au profit des services. Ainsi, la « tertiarisation » des activités déplace la valeur vers la qualité (flux financiers, « matière grise », télécommunication, etc.) et géographiquement afin de tirer profit des différentiels de croissances liés à l’ouverture des économies au développement. Depuis le début du XXème siècle, tour à tour, les pays d’Europe occidentale, les Etats-Unis, les pays pétroliers du Moyen-Orient et le Japon se partagent influence et pouvoir. Outre les mouvements de capitaux, les flux de migration se sont multipliés et ont conduit à la constitution de la multiculturalité. L’argumentation de Fernand BROUDEL La thèse la plus large de Fernand BROUDEL se construit autour de l’influence du commerce à distance dans le développement du capitalisme. Il évoque la notion de pôles de l’économie-monde, comme espace géographique des marchés, dans lequel l’acteur économique (villes d’influence économiques majeures) vise à réduire la concurrence pour garantir des profits élevés. Fernand BROUDEL évoque le capitalisme comme indicateur de l’évolution du monde : le commerce évolue vers la finance et du secteur primaire vers le secondaire et le tertiaire. L’économie-monde se présente comme un pôle central dynamique exploitant une périphérie sous qualifiée. Il convient d’imaginer des strates géographiques hiérarchiques successivement dominés par la précédents et travaillant au profit d’une ville ou d’une zone dominante. L’économie-monde s’inscrit dans le temps et distingue des cycles courts et longs qui ponctuent l’activité économique. Ainsi, le maniement de ces différents focales temporelles permet d’appliquer et superposer les différents aspects de l’économie-monde ( croissance, salaires, révolution industrielle, etc.) Selon Fernand BROUDEL, l’étude de l’histoire montre la coexistence simultanée de plusieurs formes de capitalisme : marchand, industriel, financer.
La perspective anthropologique de la « cultures des aires » d’Arjun Appaduraï
Arjun APPADURAÏ introduit le concept d’«aire culturelle » dans la perspective anthropologique. Il émet ce concept comme étant la reconfiguration d’une culture appartenant à un groupe d’individus dont l’imagination est le moteur principal. Les médias (communication téléphonique, télévision, Internet, etc.) sont ici considérés comme « les forces nouvelles » mais moins sur le plan technique que sur le plan de l’imaginaire. Compte tenu du rôle essentiel que joue l’imagination, il est possible de produire de nouvelles localités et Arjun APPADURAÏ, au travers du concept d’«aire culturelle », définit celui d’Etat-Nation Ainsi, dans le contexte de l’entreprise multinationale, le concept d’«aire culturelle » s’entend comme localité mais plus seulement géographique. Il devient donc possible de « déterritorialiser » les individus en ayant recours aux concepts suivants proposés par Arjun APPADURAÏ : éthnoscopes, technoscope, finanscope, médiascope et idioscope, qui sont autant de mondes imaginés. Dans le cadre du projet du présent ouvrage, il est particulièrement intéressant d’utiliser le concept de l’«aire culturelle », en tant qu’il apporte une lecture nouvelle, celle de la substance culturelle des diaspora.
Il apparaît au travers de ce chapitre que la mondialisation caractérise un nouvel eldorado économique composé d’une diversité culturelle grandissante. L’entreprise multinationale avide de nouvelles opportunités qu’offre la mondialisation, pose encore la question de la substance multiculturelle de l’activité économique
|