Chapitre 7 : les politiques de développement du tiers monde





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Chapitre 7 : les politiques de développement du tiers monde.


Les Nations unies avaient déclaré les années 70 « décennie du développement ». Une deuxième décennie du développement a suivi ; puis une troisième. Le moins qu'on puisse dire est que les résultats n'ont guère été probants jusqu'ici : un milliard d'hommes vit toujours dans la pauvreté absolue et ce nombre s'accroît d'année en année. Tout le monde est d'accord : il faut faire quelque chose. Mais quoi ?
I -- Le développement par le libre-échange.
Pour les pays capitalistes industrialisés, le salut du tiers-monde passe par son intégration croissante dans le marché mondial. Il faut laisser jouer librement les mécanismes du marché et, selon les libéraux, cela sera le meilleur moyen d'obtenir une répartition optimale des activités productives, compte tenu de l'efficacité et du savoir-faire de chacun. La liberté des échanges et donc essentielle et il ne faut surtout rien faire qui soit susceptible de provoquer des distorsions artificielles. Tel est le discours officiel des pays du nord.
-- Certes, il conviendrait de nuancer ce discours. La foi du libre-échange n'est pas toujours aussi vive. Les pays de l'union européenne, par exemple, ont admis qu'il convenait d'amortir les fluctuations trop brutales des cours des matières premières à l'aide d'un système de prêts, non remboursables par les pays les plus pauvres. De même, on admet, non sans réticences, qu'un « fonds commun de stabilisation des produits de base » soit constitué pour limiter les baisses ou hausses spéculatives sur les marchés de matières premières. Surtout, les pays du Nord ont admis que l'intégration au marché mondial devait être accompagnée d'une aide au développement : mais il s'agit moins de protéger les plus faibles des chocs de la concurrence que d'accélérer, dans la droite ligne des thèses de Rostow, le rythme de développement.
- Pourtant, rien de change au fond ; les pays capitalistes refusent de remettre en cause les mécanismes internationaux, qu'il s'agisse de la fixation des prix, du financement des investissements ou des règles commerciales ou fiscales. Tout au plus, sur la question de la dette, ils sont prêts à quelques concessions. Pas question de l'annuler : ce serait donner un mauvais exemple aux emprunteurs.  Mais le plan Brady (secrétaire d'état américain au trésor), lancé en 1988, prévoit une transformation partielle de la dette pour les pays les plus endettés : le trésor américain se substitue aux pays endettés,  mais ceux-ci souscrivent en échange des obligations émises par le trésor américain. Vis-à-vis des 41 pays les plus pauvres, certains pays créanciers -- notamment la France -- ont accepté de réduire la dette publique.
Mais nous sommes encore loin du compte : les créances à long terme des pays capitalistes industrialisés sur les 41 pays à bas revenus très endettés représentent environ 230 milliards de dollars. Les annulations décidées n'ont représenté que 30 milliards de dollars, si bien que le service de la dette continue, pour ces pays, à représenter, théoriquement, car ils ne peuvent pas payer -- la moitié de leurs ressources d'exportation.
Au sein des pays capitalistes, on parle parfois d'un « plan Marshall pour le tiers-monde ». Quoi qu'il en soit, pour le moment, la situation apparaît assez bloquée.
II -- La stratégie de développement autocentré.
Cette stratégie pose de nombreux problèmes. Il s'agit, en bref, d'inciter les pays en voie de développement à substituer à leurs importations leur production nationale et ceci dans le but d'atteindre l'autosuffisance.
Cette stratégie pose de nombreux problèmes :
-- d'abord, il n'est pas certain que le modèle de production industrielle soit extensible à l'ensemble de l'humanité dans la mesure où il repose sur une utilisation massive de ressources et une production massive de déchets qui ne sont supportables -- et encore ! -- que s'ils sont le fait d'une minorité de la population mondiale, mais qui risque de ne plus l'être si une proportion croissante de l'humanité adopte ce modèle de production. Il est vraisemblable que l'on verrait apparaître des goulots d'étranglement au fur et à mesure que cette généralisation s'effectuerait : problèmes de l'eau, de l'énergie, des engrais et produits, des rejets, etc.... Cette voie paraît difficilement praticable par l'ensemble des pays en voie de développement.
Dès lors on peut imaginer 2 scénarios extrêmes :
-- 1er scénario : . Un certain nombre de pays du tiers-monde jouent à fond la carte de la spécialisation et tablent sur leurs avantages -- notamment la main-d’œuvre à faible coût --, et réussissent ainsi à maintenir un rythme de croissance économique rapide. Par exemple, le Brésil, la Thaïlande, la Turquie sont des candidats tout désignés pour ce scénario car ils connaissent une dynamique économique incontestable même si cela repose en partie sur une exploitation ou une marginalisation d'une fraction importante de la population. Il est également possible que quelques autres grands pays -- la Chine, l'Inde, le Pakistan -- amorcent eux aussi une croissance économique soutenue qui les amènerait en quelques décennies à un niveau de développement analogue à celui de l'Espagne ou de la Grèce. Quoi qu'il en soit, il ne s'agit ici que d'extrapolation dans la mesure où la taille même de ces pays implique l'observation d'un minimum de prudence. La Chine, par exemple, connaît un rythme de croissance industrielle rapide (supérieur à 10 % par an) mais 74 % de sa population active travaille dans l'agriculture. Pour accueillir dans l'industrie l'augmentation de population active prévue d'ici l'an 2000 10 ( 80 millions de personnes), il lui faudrait doubler le nombre d'emplois industriels en 15 ans. Cela est peu probable, pour ne pas dire impossible. L'urbanisation, le chômage, la formation... représenteront alors des défis du même ordre et il est peu vraisemblable que de tels bouleversements puissent être gérés sans problèmes majeurs.
Nous pouvons donc en conclure que, pour ces grands pays encore très pauvres, il est probable que la croissance ne concernera que des fractions de la population. Certes, cela vaut mieux que des visions pessimistes de pays qui s'enfoncent dans la misère.
-  2° scénario : la transformation du modèle de production lui-même.
Cette transformation suppose que le Nord lui-même se transforme ; changement dans les techniques de production, les modes de vie et de consommation au sein des pays développés eux-mêmes -- moins de pollution, moins de gaspillage, etc....
Avec les technologies actuelles, le coût de création d'un emploi est tel que l'industrialisation, même accélérée, ne peut permettre de créer assez d'emplois pour accueillir les jeunes qui, en grand nombre arrivent sur le marché du travail.
Ce scénario est, quant à lui, également assez peu probable.
Conclusion : vers un nouveau modèle de développement.
Tout un mouvement de pensée se fait jour qui préconise une stratégie d'autonomie pour le tiers-monde. Mais le risque existe bel et bien quant à un renforcement de la division internationale du travail, c'est-à-dire la dépendance à l'égard d'un modèle de production que seuls les pays développés maîtrisent . Les pays du tiers-monde doivent donc inventer un modèle de développement original : produire pas seulement pour le marché mondial, mais aussi pour les besoins prioritaires de leur population. Produire non pas pour une élite plus ou moins occidentalisée, mais pour tous. Ce nouveau modèle de développement implique, bien entendu, des transformations radicales :
--  transformations dans le commerce mondial, puisqu'il s'agit d'aller à l'encontre de la division internationale du       travail et de passer d'une croissance basée sur le développement des exportations à un développement « autocentré » dans un souci d'assurer l'autosuffisance.
-- transformations dans les techniques de production, puisqu'il s'agit de produire le plus possible tout en fournissant du travail à tous.
--transformations dans les normes de consommation puisqu'il s'agit de produire pour tous, et non pour un petit nombre. Ce qui implique, par exemple, d'autres moyens de transport que l'automobile, d'autres normes médicales que l'hôpital à l'Européenne, etc ....
Le nouveau modèle de développement « autocentré » sera d'autant plus aisé à mettre en place que les pays industrialisés diminueront leurs ponctions sur le marché mondial et apprendront, à leur tour, à compter sur leurs propres forces. En d'autres termes, pas de développement harmonieux du tiers-monde sans remise en cause de notre propre modèle de développement. Le défi du tiers-monde nous interroge au moins autant que les pays que nous qualifions de sous-développés. Le tiers-monde ne sera plus le tiers-monde que lorsque nos propres pays n'absorberont plus les trois-quarts de ce que produit le monde.

(c) avec l'aimable autorisation d'Alternatives Economiques   Déchiffrer l'économie. Denis Clerc

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