Question 2 : L’Afrique face aux défis du développement et de la mondialisation





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Thème 3 : Dynamiques géographiques des grandes aires continentales

Question 2 : L’Afrique face aux défis du développement et de la mondialisation

Etude de cas : Le Sahara, ressources et conflits


Ressources

Fiche Eduscol

http://cache.media.eduscol.education.fr/file/lycee/44/5/LyceeGT_Ressources_Geo_T_09_Th3_Q2_Afrique_213445.pdf

Site académique et blogs

http://pedagogie.ac-limoges.fr/hist_geo/spip.php?article311

http://www.ac-paris.fr/portail/jcms/p1_546876/le-sahara-ressources-et-conflits-tle-es-l?cid=piapp1_59820&portal=sites_10590

http://www.lyceedadultes.fr/sitepedagogique/documents/HG/HGTermL/livret_hg_TermLES/TermL_G12_T3_Q2_C1_Le_Sahara_ressources_conflits_etude_de_cas.pdf

http://hist.geo.over-blog.com/article-l-afrique-1-le-sahara-ressources-et-conflits-117266654.html

Données générales

http://www.cartografareilpresente.org/rubrique89.html?lang=fr

http://www.bbc.co.uk/afrique/nos_emissions/2013/01/130123_sahel_test1.shtml

http://www.herodote.org/spip.php?article507

http://cbudde.free.fr/spip.php?article192 (dessous des cartes : l’Afrique, le Sahara)

http://www.myop.fr/fr/archives-serie/detail?q=1658&photo=64771 (photos de l’album Kingsley)

Sur la barriérisation du Sahara

http://www.herodote.org/spip.php?rubrique57

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1988_num_48_1_2235

Sur la géopolitique des conflits

Retaillé Denis, «Introduction à une géographie des conflits», L'Information géographique, 2011/3 Vol. 75, p. 6-22.

http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=LIG_753_0051 (article de Retaillé Denis, payant)

Conférence à Saint Laurent du Maroni le 26/04/2013 : géographie des conflits + la guerre au Sahel-Sahara

Sur l’idée d’un espace convoité et stratégique

http://www.regard-est.com/home/breve_contenu.php?id=1285

http://www.agenceecofin.com/entreprises/1312-2511-sahel-45-000-salaries-francais-a-securiser-de-toute-urgence

http://www.africadiligence.com/intelligence-strategique-123-sahel-paris-securise-aussi-les-sous-sols/

http://maliactu.net/les-ong-salarment-de-la-situation-humanitaire-au-mali/




Progression



I. Un espace à fortes contraintes mais disposant de ressources importantes

II. Un espace politiquement morcelé, marqué par l’instabilité

III. Un espace stratégique, convoité par des acteurs nombreux




Démarche pédagogique

H

Plan, diapos

Conduite du cours

Questions

Idées clés

Documents proposes

Activité des élèves

20 mn

Introduction
Diapos 1 à 3


L’enseignant commence par questionner les élèves sur la photo inaugurale : en quoi évoque-t-elle le Sahara ? Ce document est volontairement conforme à l’image véhiculée par le Sahara (un désert de sable parsemé de villages enclavés, hors du temps et reculés, aux architectures particulières). L’enseignant expliquera rapidement qu’à proximité de ce village traditionnel passe un axe routier qui mène vers le nord et qui est communément appelé la « route de l’uranium ». Il peut aussi expliquer qu’aujourd’hui 8 % de la production mondiale d’uranium vient du Niger (pays dont l’image est issue), plaçant le pays selon les années, au quatrième ou au cinquième rang des producteurs mondiaux. En diapo 2, la présentation du plan est accompagnée d’une vue satellite du Sahara pour que les élèves identifient schématiquement les limites géographiques du territoire. Enfin, l’introduction doit montrer aux élèves que cet espace est souvent sous les feux des médias et pour plusieurs raisons. A l’heure où est rédigée cette démarche pédagogique, 4 otages français viennent d’être libérés, deux journalistes de RFI tués au Mali (Novembre 2013)

Quels sont les enjeux économiques et géopolitiques de l’ensemble saharien au regard des ressources qu’il recèle ? Quelles sont les multiples convoitises qui s’y manifestent ?

- Sur la photo inaugurale (légende du site de Yann Arthus Bertrand) : Ce village près de Tahoua, dans le sud-ouest du Niger, présente une architecture haoussa caractéristique, avec ses maisons cubiques en banco (mélange de terre et de fibres végétales) associées à d’imposants greniers à grain aux formes ovoïdes. Majoritaire dans le pays (54 % de la population), le peuple haoussa est essentiellement constitué d’agriculteurs sédentaires. Cependant, il doit surtout sa réputation à la qualité de son artisanat et à son sens du négoce, les cités-États haoussa installées au nord du Nigeria ayant imposé leur puissance commerciale à de nombreux pays d’Afrique pendant plusieurs siècles.

Aujourd’hui, la région de Tahoua est traversée par un axe routier qui mène vers le nord et qui est communément appelé la « route de l’uranium » : un gisement, découvert en 1965 dans le sous-sol du massif de l’Aïr, fit naître les mines d’Arlit. Chaque année, un peu plus de 3 000 tonnes d’uranium sont extraites de ces mines, soit environ 8 % de la production mondiale, plaçant le Niger, selon les années, au quatrième ou au cinquième rang des producteurs mondiaux.

- Introduction : Le Sahara revient cycliquement sur la scène internationale. Médiatisé, cet immense espace désertique aride - 8,5 millions de km2 - qui s’étend sur une dizaine d’États traverse une période agitée en raison de l’installation de groupes terroristes islamistes sur son sol, du développement de trafics en tous genres, des flux d’immigration clandestine en provenance de l’Afrique subsaharienne et de la compétition entre les pays du Nord et les pays émergents pour s’approprier ses richesses minières et pétrolières.

Espace très convoité bien que situé en marge des espaces nationaux qui le composent, le Sahara est morcelé en une série de territoires et de routes contrôlés par des acteurs variés. Les immenses ressources sahariennes sont à la fois un facteur de richesse et la cause de conflits multiples.

Image inaugurale : Détail d’un village aux environs de Tahoua, Niger (Photo de Yann-Arthus Bertrand)

Diapo 2 : vue satellite du Sahara

Intro : photos de rebelles touareg, d’un camion d’immigrés clandestin, des mine d’Arlit (Niger)

Carte des routes de l’immigration clandestine

- Questionnement sur l’image inaugurale et sur l’actualité du Sahara qui fluctue très rapidement
- Prise de l’introduction sous la dictée


Démarche pédagogique

H

Plan, diapos, fiches

Conduite du cours

Questions

Idées clés

Docs proposes

Activité des élèves

15 mn + 15 mn (correction)

I. Un espace à fortes contraintes mais disposant de ressources importantes
Diapo 4

Fiche 1

L’enseignant propose dans cette partie un travail sur les atouts et les contraintes du Sahara à travers l’analyse de 4 documents (trois cartes et une affiche publicitaire). Les élèves doivent remplir un tableau : ils travaillent en autonomie et l’enseignant passe dans les rangs pour aider ceux qui rencontrent des difficultés ou qui ont des questions. Dans un second temps, la correction se fait en commun à l’oral. Pour gagner du temps, l’enseignant peut distribuer en fin d’heure un exemple de correction à coller dans le cahier.

Lors de la correction, il peut être précisé aux élèves que les routes transsahariennes font environ 500 km entre chaque carrefour (le trajet que peut faire un dromadaire sans s’alimenter en 8 jours). Bien préciser que la délimitation par le climat et la pluviométrie sont des frontières pratiques mais qui ne correspondent en rien aux réalités vécues dans la région. (Denis Retaillé).

Comment délimiter le Sahara ? Quels atouts recèlent-t-il ? Quelles contraintes géographiques font obstacle à l’exploitation de ces ressources ?

Le Sahara est depuis des siècles un vaste espace de circulation et de villes. Considéré comme un désert humain, il est en fait un territoire d’une extrême mobilité (Est-Ouest comme Nord-Sud) où se lient activités agricoles et pastorales. Dès le Moyen Âge, des caravanes empruntent les routes commerciales qui le traversent, transportant de l’or, de l’ivoire, des esclaves, du sel ...

Comme il est un espace en perpétuel mouvement, le Sahara est difficile à délimiter avec précision : la gradation bioclimatique et la pluviométrie sont toutefois retenues (par convention) pour donner les limites de ce territoire. Le Sahara se présente donc comme une vaste région désertique du Nord de l’Afrique. Son climat est caractérisé par une forte chaleur (de 25° à 40° C en moyenne) et surtout par une grande aridité (niveau de pluviométrie compris entre 100 et 200 mm/an) : zone de climat désertique, le Sahara s’étend en outre sur une dizaine de pays.

La ressource essentielle du Sahara est l’eau qu’offrent les oasis aux habitants du Sahara et que l’on trouve surtout au centre du territoire. Le sous-sol du désert dispose en effet d’immenses réservoirs d’eau souterraine, des nappes aquifères fossiles, qui ont été découvertes à l’occasion de prospections pétrolières. Ces réserves sont utilisées pour l’irrigation, mais également pour approvisionner les pôles urbains, en particulier en Afrique du Nord. Grâce à elles, certaines régions bordières du Sahara sont devenues des fronts pionniers agricoles. Le sous-sol du désert offre aussi de grandes ressources en hydrocarbures (gaz et pétrole) essentiellement en Algérie, en Libye et en Egypte. Le Sahara recèle également d’autres richesses naturelles en abondance : les minerais (ex : fer de Mauritanie, phosphate au Maroc et en Tunisie…). Les pays qui composent le Sahara dépendent donc largement d’une économie de rente.

Enfin, le développement du " tourisme d’aventure " représente un nouvel enjeu pour les États sahariens. Basé sur l’imaginaire et la symbolique du désert de sable - erg - (alors que le désert est à 80% composé de cailloux - reg - …) le désert permet d’attirer de nombreux touristes chaque année.

- Carte sur les routes et les échanges transsahariens

- Carte sur la pluviométrie et les zones climatiques

- Cartes des ressources de l’espace saharien

- Affiche de la 8ème édition du marathon des oasis

- travail en autonomie : compléter le tableau de la

fiche 1
- Travail de correction à l’oral
- Prise en notes au brouillon des éléments de réponses.
- Pour la séance suivante : Préparer les questions de la carte et du texte de la fiche 2 au brouillon

NB : Pour plus de détails sur le Sahara en tant qu’espace qui échappe aux règles de la « géographie raisonnée » : voir encadré en fin de démarche pédagogique (notes intervention de Denis Retaillé)

40 mn


II. Un espace politiquement morcelé, marqué par l’instabilité
Diapos 5 et 6

Fiche 2

+ Correction type dans le fichier « fiche élève »


A l’aide de la carte et du texte, l’enseignant montre aux élèves qu’il existe deux façons assez antagonistes de percevoir le Sahara : celle des Etats et de leurs frontières et celles des peuples qui composent la région et pour qui ces frontières sont des entraves conventionnelles qui ne recouvrent aucune réalité. Les quatre documents suivants (un texte, deux cartes et une courte vidéo sur le Sud Soudan, tout jeune pays né en 2011) permettent d’identifier un certain nombre de conflits dont les causes sont multiples.

On peut demander aux élèves de travailler sur un conflit (auquel cas, il faut diviser la classe en 4). S’ensuit un temps de mise en commun et de correction durant lequel l’enseignant complète l’analyse des élèves. Une correction type pourra être distribuée à la fin de l’heure

Quelles visions territoriales s’opposent au Sahara ? Quels conflits majeurs strient la région ? Où trouvent-ils leurs racines ? Quelles formes revêtent-ils ?

1er conflit : conflit frontalier pour le partage du Sahara occidental entre le Maroc et la Mauritanie. Les 450 000 Sahraouis de cet espace se sont éparpillés dans ces deux pays ainsi qu’en Algérie. Certains se sont regroupés au sein du Front Polisario, qui revendique l’indépendance de ce territoire. Un cessez-le-feu a été signé en 1991 sous les auspices de l’ONU, mais ni le Maroc, ni le Front Polisario ne renoncent à leur revendication sur ce territoire. La présence de phosphate dans la région ajoute un enjeu économique à la question territoriale.

2nde conflit : la rébellion Touaregs (peuple nomade d’environ deux millions d’habitants partagé entre l’Algérie, le Burkina Faso, la Libye, le Mali, la Mauritanie et le Niger). qui revendique la libération de l’Azawad (MNLA). Elle s’est allié avec le groupe touareg islamiste d’Ansar Dine et des djihadistes d’Al-Qaida pour tenter de déstabiliser le pouvoir malien.

3ème conflit : la présence affirmée de l’AQMI (Al-Qaida au Maghreb islamique) qui couvre un vaste territoire s’étendant de la Mauritanie à la Lybie. 90 % des ressources d‘AQMI viennent des rançons obtenues contre libération d'otages. D'autres experts parlent de trafics d'armes, de drogue…

4ème conflit : La guerre civile au Soudan qui a abouti en 2011 à la création de la République du Soudan du Sud. Les affrontements se poursuivent par milices interposées car le Soudan et le Soudan du Sud se disputent plusieurs territoires frontaliers riches en pétrole. Le Soudan du Sud a hérité des trois-quarts de la production de pétrole, tandis que le Nord possède les infrastructures permettant de l’exporter via les oléoducs vers Port-Soudan.

Complément : à ces conflits multiples, il convient d’ajouter les révolutions populaires (printemps arabe).

- Carte « frontières et groupes ethniques »

- Texte : « un espace sans frontière : le Sahara »

- Série de quatre documents (texte sur le Sahara Occidental, cartes des revendications des Touaregs et de l’AQMI, Vidéo sur les relations Soudan du Sud/Chine)

- travail de correction sur la carte et le texte
- Travail en autonomie sur un conflit
- Prise en note au brouillon de la correction.

NB : pour une explication plus complète, voire correction type

Conclusion partielle : la multiplicité et parfois l’ancienneté des conflits, les formes qu’ils prennent (terrorisme, guerre civile, révolutions…), la diversité des acteurs, des causes et des revendications exprimées font apparaitre le Sahara comme un espace instable qui ne peut se comprendre si l’on reste uniquement dans le cadre spécifique de l’Etat.

10 mn


III. Un espace stratégique convoité par de nombreux acteurs.
Diapos 7 et 8

Fiche 3



Une série de 8 documents (de natures variées) est projetée en classe et doit servir à compléter un tableau sur les enjeux économiques et politiques du territoire ainsi que sur les acteurs qui en sont à l’origine afin de compléter un tableau récapitulatif qui servira de trace écrite. L’exercice est expliqué aux élèves et on peut imaginer leur montrer ce qui est attendu en analysant en commun le premier document. Le reste du travail doit être réalisé à la maison pour la séance suivante au brouillon.

Quels éléments rendent le Sahara stratégiquement attractif ? Quels acteurs commandent ces enjeux géopolitiques et géoéconomiques ?

Manipulation diapo 7 du PPT : une série de miniatures représentant les documents apparaissent. Pour les agrandir, cliquez sur la miniature. Pour les faire disparaitre, cliquez sur le document agrandi. Pour faire apparaitre les réponses attendues (qui permettent de compléter le tableau : enjeux + acteurs), cliquez sur le numéro du document (rond rouge). Pour faire disparaitre la réponse, cliquez sur le cadre dans lequel elle est inscrite (à faire systématiquement sinon, les réponses se chevaucheront rendant illisible la trace écrite)

Les enjeux sont multiples mais ils sont regroupés en deux thématiques :

- Les enjeux géopolitiques : la sécurité internationale/L’immigration clandestine/Le terrorisme et la rébellion.

- Les enjeux géoéconomiques : les circuits de la mondialisation et le crime organisé (mondialisation parallèle)

Les acteurs sont multiples. Ils peuvent être classés en deux camps :

- Ceux du Nord : Etats du Nord (EUA, France…)/ONU et ONG/FTN issues des Nord (ex : Areva)

- Ceux du Sud : Etats bordiers du Sahara (aide américaine : sous-traitance de la lutte antiterroriste)/ populations menacées/Les immigrants subsahariens/Les trafiquants des zones « tampons »/Les Etats Nord africains (lutte aux côtés des européens)/Cartels sud-américains (colombiens, vénézuéliens)/ Groupes djihadistes/Certains groupes Touaregs.

1. Photo camps de réfugiés (Sahara occidental)

2/3. Cartes : IDE + routes de la drogue + filières d’armements clandestins

4/5. Dessins satiriques : endoctrinement des populations et protection des ressources

6/7. Textes : migrations et enjeux sécuritaires

- travail en autonomie d’analyse de documents
- Pour la séance suivante : Terminer le travail à la maison


NB : pour une explication plus complète, voire tableau récapitulatif


30 mn

Analyse et mise en commun des éléments de réponse trouvés par les élèves.







Démarche pédagogique

10 mn

Conclusion

Diapos 9


Le Sahara, plus grand désert du monde, est un territoire habité, urbanisé, riche en ressources minières et en hydrocarbures. Il est traversé par de nombreux flux de marchandises, souvent informels et illicites, et de migrants espérant pour certains rejoindre l’Europe. Il attire les convoitises des entreprises étrangères et des acteurs locaux pour contrôler le territoire. Il est représentatif d’un continent africain en changement et qui s’intègre dans la mondialisation.

Le Sahara, loin d’être un espace à la marge, constitue l’une des préoccupations majeures de la géopolitique européenne et internationale, mais aussi des FTN. Longtemps considérée comme une région peu peuplée, peu développée et difficile à contrôler, le Sahara entre de plain-pied dans la mondialisation (découverte de ses gisements d’hydrocarbures et miniers).

À l’échelle internationale, les conflits parfois anciens (Sahara Occidental), les migrations clandestines, les trafics, ainsi que le terrorisme, placent la région au cœur de la sécurité internationale. De même, le Sahara est au cœur de l’actualité géopolitique avec les récentes révolutions tunisienne, égyptienne et libyenne.



Etudier la guerre au Sahel- Sahara ou comment s’approprier un espace qui échappe aux règles de la géographie raisonnée ?

(notes extraites de la conférence donnée par Denis Retaillé en Avril 2013 à Saint Laurent du Maroni)

- A partir de la gradation bioclimatique (critère pluviométrique), on obtient une limite pratique puisque les lignes pluviométriques s’alignent sur les repères géographiques classiques. Il s’agit là d’une géographie naturalisante qui renvoie à deux activités agricoles : activité pastorale au nord (nomade) et activité paysanne au Sud (sédentaire), deux modes de vie, deux genres de vie différents. Dans la région, les deux activités sont complémentaires et non en opposition. Lorsque les activités se déplacent pour des raisons climatiques, ce sont dans des zones bien particulières.

NB : dans les sociétés nomades, les bases sont sédentaires. Seules les têtes de ces sociétés sont nomades (hiérarchie pyramidale). A l’inverse, les sociétés dites sédentaires sont extrêmement mobiles (les paysans de la base se déplacent pour cultiver dans plusieurs exploitations). Ce découpage factice est une erreur géographique pour donner une explication de la guerre au Sahara-Sahel.

- Si on se place du côté de la mobilité, on peut avancer une autre hypothèse : le contrôle du mouvement. Il existe une route (ligne de ville) qui va de Dakar vers le lac Tchad et Fachoda (route de la colonisation). Sur cet axe majeur Ouest-Est s’agglomèrent des axes secondaires qui forment des carrefours. Chaque ensemble s’organise avec un noyau au Sud (marqué par la présence d’une ville). L’organisation coloniale de l’espace n’a pu se faire qu’en tenant compte de l’organisation précoloniale : ainsi la route de l’Ouest que l’on dit coloniale existait auparavant : c’est la route des Peuls, peuples à la fois nomades et sédentaires, qui amène l’islam et qui jalonne le territoire de villes qui forment un Empire. Du coup, si on prend cette route comme étant une route précoloniale, elle va d’Est en Ouest.

La structuration de l’espace sahélo-saharien a obéi à une logique impériale : il s’agit d’empire de la route. A l’empire almoravide (XII°) succède l’empire Songhay (XIII-XIV°) qui s’essouffle et ainsi de suite : alternance entre des pouvoirs nomades et sédentaires. C’est une confédération d’Haoussa qui lui succède. Le dernier empire, ignoré de notre historiographie durera jusqu’au XIX° siècle. Les empires de la route s’associent : dans cette logique, ce qui importe ce sont les liens de solidarité entre les lieux. Ainsi, les mêmes lieux parsèment l’espace du sud et au nord : ils peuvent disparaitre ou se reproduire ailleurs. Ils ne sont pas forcément basés autour de l’eau.

- Le grand empire de la route : la MAMLAKA, centrée sur Bagdad vers qui convergent toutes les routes caravanières. Cela conditionne la constitution de la représentation de l’espace sahélo-saharien. Par ailleurs, le Sahel comme le Sahara sont des pays de villes : la population arrêtée vit dans les villes (même si elle est mobile par ailleurs). Les carrefours sont innombrables et ils sont formés par des oasis dont la fonction première n’est pas l’agriculture mais bien un point de jonction. Là où il y a étape, il faut qu’il y ait de l’eau que l’on va chercher plus ou moins loin, plus ou moins profondément. Avec l’arrivée des arabes (VI° siècle) et l’apport du dromadaire, le Sahara va être quadrillé : si l’on observe les routes transsahariennes, on constate qu’elles font environ 500 km (le trajet que peut faire un dromadaire sans s’alimenter en 8 jours). Loin d’être un espace enclavé, le Sahara est un territoire parsemé de nombreux flux migratoires : c’est un espace de mouvement et qui contrôle le mouvement, contrôle le pouvoir, la population, ce qu’ont bien compris les terroristes.

- l’Azawad revendiqué par les Touareg est une idée fausse car ils seraient minoritaires dans cet espace. En effet, l’Azawad rêvé des Touaregs est un lieu avant tout peuplé de Songhai, Dogon, Bozo, Somono : c’est donc une fiction, une chimère. Cette revendication date de l’indépendance (1970-1984) : les populations dites nomades réclament leur part de pouvoir au sein de l’Etat mais ils ne disposent pas des assises d’un Etat (richesse, armée…) pour conquérir un territoire. Il faut donc passer par d’autres voies (les routes).

- Qui tient les routes ? Les islamistes. En 1992, en Algérie, les islamistes sont chassés par le pouvoir central (armée et police) qui réussit à faire reculer ces groupuscules vers le Sud. Le Mali accueille ou du moins ne résiste pas à l’arrivée de ces groupuscules sur son sol. A l’époque, l’Etat malien est en train de se désagréger (ce que l’Occident prend comme un passage réussi vers une démocratie). Pour conduire une guerre à l’échelle de la Mamlaka, il faut des richesses considérables. En fait, la guerre n’a pas lieu au Mali, au Sahel, au Sahara : elle se passe dans un espace mobile qui se manifeste par des réseaux, liens de solidarité qui allient mouvance islamiste et rebelles touareg grâce à un chef islamiste. Les islamistes ont utilisé le savoir-faire, les réseaux, le nomadisme des touaregs et à chaque ville prise, ils ont éliminé rapidement le pouvoir touareg, préférant s’appuyer sur leur réseau (C’est dans ce sens que l’on peut parler de chimère). Si les touaregs ont à la base accepté l’aide des islamistes, c’est parce que ces derniers possédaient une force de frappe qui leur faisait défaut. Les desseins poursuivis par les islamistes actuellement sont la mise en place d’un empire des routes (contrôle du mouvement), la Mamlaka.

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