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1.5 L’évaluation des élèves et la certificationNous avons précédemment signalé l’intérêt que les responsables tunisiens ont porté à l’introduction de pratiques nouvelles en matière d’évaluation. Au plan pédagogique de nombreuses formations à l’évaluation avaient été dispensées par des spécialistes des sciences de l’éducation. La mise en œuvre de ce nouveau programme a été pour eux l’occasion de procéder à la rédaction plus diversifiée des exercices d’apprentissage, d’évaluations formatives et sommatives, donc à une approche plus didactique par les contenus. Mais ce qui frappe surtout c’est, contrairement à la France, l’existence d’une épreuve d’éducation technique dans l’examen de fin de leur cycle du collège. L’examen de fin de scolarité du collège comporte une épreuve écrite pour toutes les disciplines enseignées. Trois disciplines font l’objet d’un traitement particulier dans le règlement d’examen, dont l’éducation technique. Il y a tirage au sort à chaque session entre ces trois disciplines pour savoir laquelle d’entre-elles fera l’objet d’une épreuve. Ceci engage chaque élève à ne pas faire « d’impasse » durant sa scolarité sur les trois disciplines. Rappelons qu’en Tunisie la possession de ce diplôme est nécessaire pour poursuivre les études en lycée. Même si une épreuve écrite n’est pas totalement représentative de la pédagogie de l’action d’une scolarité fondée sur la réalisation concrète de produits matériels, le seul fait d’exister est le signe tangible de la volonté de reconnaissance par la Tunisie de cette culture déjà reconnue et installée. Comme la plupart des pays, la Tunisie veut évaluer et actualiser régulièrement les résultats de la réforme des formations technologiques mises en place à partir de 1992. Contrairement aux pays industrialisés qui mènent des évaluations internes, la Tunisie a fait un appel d’offre international en 2001 pour une évaluation externe suite à l’obtention d’un prêt obtenu auprès de la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD). Cet appel d’offre international est titré « projet d’amélioration de la qualité du système éducatif tunisien » (in UN Development Business, n° 550 du 16 janvier 2001). « Ce projet consiste à promouvoir la qualité et l’excellence, et à lutter contre l’échec scolaire. La première phase du projet avec toutes ses composantes est prévue sur quatre années (2000 à 2004) ». Une partie du crédit accordé est consacré à une étude visant à l’actualisation des listes de matériel didactique, dont l’éducation technique au collège. Pour cela il est prévu que les prestations d’études comprennent notamment : - « une mission diagnostic ; - une redéfinition des besoins en matière de matériel didactique relatif aux spécialités sus-mentionnées ; - une standardisation des équipements précités ; - une formation d’une équipe mixte composée de pédagogues et de gestionnaire, qui sera chargée plus tard de l’évaluation et du dépouillement des offres relatives aux équipements sus-indiqués. » (in UN Development Business, n° 564 de septembre 2001). Au moment où cet article a été rédigé, le résultat par la Tunisie du choix du candidat retenu n’est pas encore connu. Concourir dans un tel projet suppose s’appuyer sur une forte structure d’entreprises avec des moyens financiers pour payer la caution et une équipe de consultants expérimentée dans l’analyse de formations techniques. Pour ce projet de réactualisation de l’éducation technique tunisienne au collège, la France , c’est à dire le Ministère et/ou des structures privées, a-t-elle répondu à cet appel d’offre pour faire suite à la première coopération ? D’autres organismes bien connus, des pays anglo-saxons, canadiens, italiens, allemands, ne seront-ils pas choisis si la Tunisie constate une déficience française ? Un dossier à suivre pour ceux qui s’intéressent à l’histoire de l’éducation technologique en France et à l’étranger. 1.6 ConclusionLa volonté politique de la Tunisie de réformer son système éducatif, notamment l’enseignement technique, n’a pas seulement concerné l’éducation technique au collège mais aussi le nouveau baccalauréat technique en lycée. La coopération qui a été établie a été d’une grande richesse. En effet, le regard extérieur porté par les interlocuteurs tunisiens sur la technologie au collège en France, a été pertinent dans le sens où, il a validé les choix didactiques et pédagogiques autour d’une démarche de projet dans sa dimension industrielle mais a également questionné sa définition, son application, ses limites, donc posé le problème de sa simplification. Par richesse, il faut entendre aussi le bilan des relations humaines qui se sont établies entre les experts des deux pays. C’est une contribution non négligeable à l’établissement de liens durables entre deux pays francophones, surtout que les inspecteurs tunisiens sont, comme en France, simultanément chargé de l’animation et de l’inspection des deux corps professoraux de lycée et de collège. Ceci facilite la cohérence curriculaire entre le collège et le lycée. Mais ceci engendre le risque de sous-estimer les efforts d’animation pédagogique et didactique au collège par rapport au lycée pourtant nécessaires dans cet effort de promotion d’une éducation technologique, discipline nouvelle qui a sa place à côté d’autres enseignements ayant déjà le statut, non contesté, de « culturel ». Il faut espérer que cette coopération franco-tunisienne de grande envergure ne soit pas oubliée car elle a apporté la preuve d’une collaboration et d’un regard croisé d’experts utiles à une communication technique non professionnelle, entre les jeunes de deux pays différents mais tous les deux traversés par des idées, moyens et objets techniques communs présents au XXIe siècle. Qui aurait pu penser qu’une coopération internationale à propos de l’éducation technologique pouvait aller au-delà de simples échanges techniques, didactiques et pédagogiques ? À mon avis cela a été le cas. Fasse que les volontés politiques maintiennent ce lien fortement ancré dans l’intérêt réciproque des jeunes des deux pays. ANNEXE 1-1 Programme de l’éducation technique en Tunisie appliqué en septembre 1995 pour la première année de scolarité (septième), en septembre 1996 pour la deuxième année (huitième), en septembre 1997 pour la troisième année (neuvième). Article 334 L’éducation technique au deuxième cycle de l’enseignement de base vise à : - inculquer à l’apprenant l’amour du travail en général et du travail manuel en particulier ; - former l’apprenant afin qu’il puisse apporter sa contribution au développement de la société et à la prospérité de son économie ; - donner à l’apprenant une culture technologique à même de l’aider à une meilleure intégration dans l’environnement et lui permettant une adaptation aux évolution technico-économiques ; - développer chez lui l’esprit d’initiative et le sens des responsabilités ; - sensibiliser l’apprenant à l’importance de l’objet technique en tant qu’élément important dotant l’action humaine de l’efficience désirée ; - consolider les connaissances acquises au premier cycle de l’enseignement de base ; _ sensibiliser l’apprenant à l’importance de l’enseignement technique dans le développement socio-économique du pays. Article 335 Au terme du second cycle de l’enseignement de base, l’élève doit être capable de (d’) : -identifier les étapes de réalisation d’un projet – reconnaître les rapports organiques entre les éléments techniques, économiques, sociaux et culturels dans la vie humaine ; - recueillir les informations, les traiter et en sélectionner ce qui convient pour la réalisation d’un projet ; - acquérir les connaissances et les compétences requises pour la maîtrise du domaine de la technologie ; - préparer l’étude d’un projet simple ayant pour objet la réalisation d’un produit pluritechnique, totalement ou partiellement ; - réaliser un projet simple ayant pour objet un produit pluritechnique, totalement ou partiellement en suivant la démarche du projet. Article 336 L’éducation technique fondée en septième, huitième, neuvième années de l’enseignement de base est fondée sur la démarche du projet, laquelle suit les étapes suivantes : - expression fonctionnelle du besoin : - analyse du besoin ; - étude de la faisabilité ; - conception et fabrication : - conception ; - définition ; - industrialisation ; - homologation ; - production ; - commercialisation et utilisation d’un produit. Progressivement, la démarche du projet est présentée comme une succession d’étapes qui, partant du besoin exprimé, aboutissent au résultat attendu. Les élèves sont alors engagés dans la réalisation de projets simples mettant en œuvre des techniques du domaine de la mécanique et de l’électricité. ANNEXE 2-2 Organisation et répartition « spiralaire » des contenus d’enseignement selon trois étapes de la démarche de projet technique : analyse fonctionnelle du besoin, conception et fabrication, commercialisation et utilisation d’un produit.
Notes bibliographiques 1 Elton F. (2000), « L’éducation technologique : une nouvelle discipline scolaire dans le curriculum chilien », Education technologique, n° 8, CRDP de Versailles. 2 C’est le CERPET STI (Centre d’Etudes pour la Rénovation de l’Enseignement Technique du département Sciences et Techniques Industrielles, 96 boulevard Bessières 75 017 PARIS) qui a été changé par le ministère aux coopérations sous la responsabilité d’un inspecteur général chef de projet, M. Jourdan pour la Tunisie et M. LEBON puis M. AUBLIN pour le Maroc. 3 RAK I. (2001), Les activités de préparation et de réalisation dans une éducation technologique. Conception et modélisation de la démarche de projet industriel par les élèves de première de lycée. Proposition pour une matrice curriculaire au lycée. Thèse de doctorat en cours au LIREST de l’ENS de Cachan. Volume 1/3, pp. 124-126. 4 RAK I. (1997). « Les concepts, outils, méthodes, savoirs techniques de la technologie », Technologie, n°86, janvier 1997, Paris : CNDP. 5 Les références adoptées par la Tunisie pour mettre en place l’éducation technique à partir de 1992 ont été principalement : - La démarche de projet industriel et les trois projets techniques Testeur de piles minuteur , Module de fonctions logiques , Du référentiel à l’évaluation , Éditions Foucher. - La technologie au collège, niveau I et niveau II , Éditions Delagrave. |
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