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BANDOUNG ET LES ESPOIRS DU NON ALIGNEMENT Aujourd’hui, pays non-alignés= environ 2/3 des Etats membres de l’ONU (de 25 à Belgrade à plus de 100) disposent de la majorité. D’une lutte pour la coexistence pacifique, l’accélération de la décolonisation et le refus de la bi-polarisation, les NA en sont venus à des revendications pour l’instauration d’un nouvel ordre mondial, en particulier en matière économique. Comment Bandung et le non-alignement ont engendré l’émergence du Tiers Monde sur la scène internationale, ? Dans quelle mesure cela constitue-t-il un élément fondamental de l’évolution des relations internationales au XXème siècle et quelles sont les perspectives d’un mouvement aussi hétérogène? A. L’apparition du tiers monde et l’espoir d’une « troisième voie » 1) 1945 à 1955 : le terreau de Bandung Fin WWII : « la mort du complexe d’infériorité des peuples de couleur » (L.S. Senghor) Le Japon: Asie constate la relative facilité avec laquelle le Japon avait évincé les puissances coloniales en Asie du Sud Est. Souvenir de la victoire contre un puissance blanche en 1905. Pearl Harbor : le Japon osesymbole d’une Asie forte et sans complexe Le développement de l’anticolonialisme en métropole 1927 : 1ère Conférence Internationale contre l’impérialisme Développement des médias : montre la misère des colonies en métropole et montre le monde riche aux coloniséscolonisation pas si civilisatrice que ça ! La décolonisation Asiatique 45 à 54 (principalement) 47 : Pakistan et Inde indépendants mais dans le Commonwealth Birmanie : après départ Japon exige l’indép. et l’obtient en 48 (mais refuse d’adhérer au Commonwealth) Ceylan en 48 et Fédération Malaise en 57 Un monde dominé par deux puissances ouvertement anti-coloniales USA : pour le droit des peuples à disposer d’eux même depuis Wilson et ses 14 points, puis conf de San Francisco (Charte de l’Atlantique) : ouvertement anti-coloniaux. URSS : colo=stade suprême de l’impérialisme capitaliste Soutien marxiste aux mouvements de décolonisation plus de crainte ni de respect pour le colon et sa prétendue œuvre civilisatrice Afro-asiatisme L’ONU comme tribune et la Charte Atlantique comme acte justificateur Constitution à l’ONU d’un groupe arabo-asiatique en 49 qui deviendra afro-asiatique quand le Libéra et l’Ethiopie le rejoindra Des leaders charismatiques Nehru (Inde) , Soekarno (Indonésie), Nasser (Bandoung) et à Belgrade : Tito (qui rompt avec l’URSS dès 48) La conférence de Colombo : prémices de Bandung Soekarno (Indonésie) Nehru (Inde) John Kolelawala (1er ministre Ceylan) Mohamed Ali (1er min Pakistan) U Nu (1er min Birmanie) Accélérer l’indépendance de l’Indochine … mais conf déborde sur possibilité d’une coopération Afro Asiatique « les cinq de Colombo » sont les nations invitantes à Bandung 2) 18 au 24 avril 1955 : la Conférence de Bandung Un symbole fort 55% de la population, mais seulement 8% de la richesse mondiale (29 pays dont 6 africains)) Même si ce sont des Etats à priori faibles, ils sont désireux d’affirmer leur nouvelle souveraineté Un acte d’encouragement affirme le droit d’autodétermination pour les peuples (notamment Maroc et Tunisie) Un positionnement pour la paix les puissances ne peuvent contester Les puissances des deux blocs savent qu’elles ne peuvent empêcher le développement de ce mouvement, et ne peuvent le stigmatiser car il affiche des intentions pacifistes voient cela d’un mauvais œil mais pas d’hostilité officielle. Moscou stupéfait de ne pas être invité. Soutient les buts de la conférence mais tente de la parasiter (6 jours avant : Conférence de New Delhi avec des communistes pour établir une liste de résolutions destinées à être simplement entérinée par la conf de Bandung Cinq principes et deux axes majeurs Accords sur les règles de conduite entre Etats : la non-agression, le respect mutuel des souverainetés, la non-ingérence dans les affaires intérieures, la réciprocité des avantages dans les contrats (égalité des Etats), et la coexistence pacifique. Condamnation du colonialisme « Le colonialisme sous toutes ses formes est un mal auquel il doit être rapidement mis fin » Appel à la coexistence pacifique se posent en médiateurs en tant que neutres Préoccupations quant au sous développement Demandent création d’un organisme de coopération mondiale pour lutter contre la pauvreté et le sous développement Méfiance vis à vis du néocolonialisme et « l’ impérialisme du dollar » 3) Le non alignement Un mouvement né des limites de la conférence de Bandung
Neutralistes (Inde_Nehru ; Egypte_Nasser ; Indonésie, Birmanie ) : refus de la protection des USA ou de l’URSS perçue comme une nouvelle forme de tutelle. L’alignement sur une des deux puissances = obstacle à la souveraineté et danger de retomber dans la dépendance Pro-occidentaux (Pakistan,Turquie, Iran , Phillipines) : faisant partie d’alliances militaires régionales patronnées par les USA pour se protéger contre l’expansion communiste : pour une condamnation de l’impérialisme communiste au même titre que du colonialisme européen Communistes (Chine populaire, Vietnam Nord) : négocient bien leur position en porte à faux : Zhou Enlai s’assure une large audience en se posant en champion de la coexistence pacifique Communiqué final : ne parviennent pas à faire adopter par l’ensemble de la conférence une position résolument neutraliste, mais le mouvement des non-alignés s’amorce.
Les petits pays deviennent un enjeu pour les deux grands qui cherchent à s’assurer un maximum de partisans par le biais des alliances (voir carte)
Mettre l’accent sur une similitude de conception en matière de politique étrangère plutôt qu’unité géographique (contraire de Bandung) atténuer l’hétérogénéité de Bandoung Amérique Latine à Belgrade : Brésil et Cuba ( Bolivie Equateur : observateurs) Formalisation à Belgrade : du 1er au 6 Septembre 1961
1. Suivre politique d’indépendance fondée sur la coexistence pacifique 2. Soutenir les mouvements de libération nationale 3. N’appartenir à aucune alliance militaire 4. Ne conclure aucune alliance bilatérale avec une autre puissance 5. Refuser l’établissement sur son territoire de bases militaires étrangères
Tous s’accordent à dire que neutralisme ne veut pas dire se tenir à l’écart des affaires internationales c’est un engagement actif ! MAIS ne doivent pas former un bloc ne ferait que reproduire et amplifier un des maux contre lequel lutte le non-alignement c’est plus un regroupement d’Etats ayant les mêmes préoccupations quant à la situation internationale statut ambigu difficile à préserver !!!
Construction récente du mur de Berlin La veille, l’URSS procède à des essais sur la bombe nucléaire la plus puissante jusqu’alors
Un but majeur : la paix (Ethiopie, Egypte, Inde, Maroc, Birmanie, Ceylan) « Le neutralisme se donne comme but de réduire l’opposition entre les deux blocs pour assurer la paix et promouvoir la coopération entre toutes les nations et tous les continents » Leopold Sedar Senghor Nehru : « La décolonisation ? Elle est faite ! Rien ne compte plus que d’empêcher la guerre entre l’Est et l’Ouest ! Qu’est-ce que l’émancipation de quelques peuples quand l’humanité entière est menacée d‘anéantissement ? » Lettre à Kennedy et Khrouchtchev suite à la Conférence les appelant à poursuive et reprendre les négociations Un but majeur : la décolonisation (Indonésie , Irak, Ghâna, Guinée, Mali, Cuba) Priorité = lutte contre impérialisme et colonialisme, sources de conflits majeurs dans les relations internationales. Considèrent que c’est le ciment de l’unité des non-alignés. Précurseurs de d’autre tentatives d’unions
Ex : 63 Organisation de l’Unité Africaine : s’appuie sur une certaine unité culturelle de l’Afrique noire, se charge de problème économiques et politiques sa charte comporte le non-alignement comme principe de politique extérieure
Ex :en 63 :le groupe des 77 s’efforce de donner une voix unitaire à l’ONU au TM en matière économique, notamment aux réunions du CNUCED l’affirmation d’une force nouvelle : solidarité et détermination. Pas un nouveau bloc mais une coalition pour la paix B. Evolution du mouvement des non-alignés
1) De Belgrade à Lusaka (61-71) l’affirmation politique S’affirmer comme acteur à part entière sur scène internationale ; refus d’être de simples instruments de la politique des blocs. Prétendent même être les médiateurs pacifiques entre les deux blocs période + politique Alternance des deux tendances Belgrade : priorité=paix modérés Caire : priorité = lutte contre colo, néo-colo et impérialisme plus de radicaux d’afrique Inquiétude quant au problème du développement éco 2) Lusaka (53 pays + 10 observateurs): tournant dans l’évolution du mouvement : l’objectif essentiel devient économique Durcissement et radicalisation du mouvement : résolutions sur les questions d’actualité positions plus engagées et combatives (Conflit israelo-arabe, question de l’apartheid, guerre du Vietnam ) « Déclaration sur la paix, l’indépendance, le développement, la coopération et la démocratisation des RI » première tentative de formulation systématique d’une idéologie du non-alignement centrée autour de : recherche de la paix mondiale, renforcement du rôle des pays NA aux Nations Unies, lutte pour le désarmement universel, renforcement des structures de l’ONU, lutte pour l’indépendance économique et la coopération sur la base de l’égalité et d’avantages mutuels Adoption d’une « déclaration sur le non-alignement et le progrès économique » : lie NA et lutte pour le développement éco ; ouvre la voie à une remise en cause globale du système éco international recherche d’un nouvel ordre économique mondial évolution de la conception de la place du TM dans la politique internationale (indépendance politique sans indép économique = souveraineté fictive) Institutionnalisation limitée : pour s’assurer de la pérennité du mouvement, périodicité triennale, président du pays invitant chargé de la continuité 3 ) 70s :une nouvelle vision du monde Conférence tri-continentale : 59 Succès de la Révol Cubaine croissance des mouv révolutionnaires en Amérique du Sud, courant de réflexion sur les relations éco internationales veulent une union avec l’Afrique et l’Asie conférence tricontinentale élaborant le charte du tiers-mondisme en 72 en Guyane 73 : conférence d’Alger : une nouvelle vision du monde
L’alliance naturelle (Fidel Castro) : les états socialistes sont les alliés naturels des pays NA dans la lutte contre l’impérialisme Théorie de l’équidistance (Colonel Kadhafi) : pas de différence entre les deux puissances, chacune défend ses propres intérêts nationaux, l’idéologie passe finalement au second rang « l’union soviétique est obligée de devenir une puissance impérialiste, comme les USA, car les circonstances l’imposent »
Insiste sur une indépendance économique et culturelle qui reste à acquérir Boumédiène : « Je crois que ce sera la conférence de la maturité […] De très nombreux pays sentent que libération politique ne suffit pas, et qu’il faut lui donner aussi un contenu économique » Constat : malgré la décolonisation, les pays industrialisés poursuivent leur domination impérialiste sous des formes nouvelles (entreprises multinationales) il faut affirmer leur souveraineté sur leur ressources naturelles et lutter pour un nouvel ordre économique mondial
Choc pétrolier, approfondissement de la crise mondiale TM font savoir aux instances internationales qu’ils exigent une restructuration profonde des relations éco à la demande de Boumédiène, convocation en avril 74 d’une session extraordinaire de l’AG des Nations Unies consacrée à l’instauration d’un nouvel ordre éco mondial amorce d’un long processus de dialogue Nord Sud 4) La Havane (Septembre 79) : cristallisation des différends et retour aux sources du non-alignement Tensions internationales : Impasse de la détente, situation au Cambodge. Evolution de la situation au Cambodge et intervention cubaine en Afrique donnent lieu à appréciations différentes Conférence marquée par une querelle doctrinale : Fidel Castro (URSS=allié naturel) contre Tito (retour aux sources et objectifs fondamentaux : processus historique de refus de la politique des blocs (différent Kadhafi) Désillusion et amertume face au constat d’un certain échec en matière éco Qq mois + tard : invasion Afghanistan par URSS démontre que l’URSS se soucie + des ses intérêts que de l’idéologie condamnation par NA et exigence retrait des troupes et respect statut de non-aligné première sanction contre la politique de l’URSS C. Les limites du mouvement : inscrites dans la nature même du mouvement 65 : impossibilité de réunir un 2ème Bandung marque un clair constat de faillite (Convergence facteurs défavorables : détente Est/Ouest, conflits au sein du TM, disparition de plusieurs leaders dont Soekarno)
Ce mouvement a tiré sa force d’une situation bien particulière. La fin de l’URSS a vidé de sens la référence à un monde tripartite. Le mouvement s’est affaibli avec la détente pour montrer au grand jour ses incohérences et dissensions internes. C’était une impulsion spécifique pour répondre à un problème spécifique.
Hétérogénéité des positions géo, situation géo-stratégique, poids démographique, niveau de dével éco, situation culturelle, etc … Accentuation des divergences idéologiques au sein du mouvement : différentes conceptions du NA ; certains pays adhèrent clairement à l’idéologie socialiste Conflits au TM : Gu Vietnam, conflit du Biafra, guerre indo-pakistanaise, conflit israelo-arabe, conflit sino-indien Crise de 70-80 :distinction 1/3 monde et ¼ monde Aggravation disparités du TM et opposition entre les « nouveaux riches » (pays exportateurs de pétrole, pays-ateliers dynamiques –Taiwan, Singapour, Corée du Sud) et les pays + pauvres qui sont toujours dans une situation de misère, d’inégalité et de dépendance dépourvus de ressources naturelles et d’industries (on les nomme alors ¼ monde) diminue la cohésion du groupe de sorte que les Etats font prévaloir leurs intérêts nationaux sur les grands principes de politique internationale
ont longtemps pensé que ces conflits étaient passagers et marginaux pas d’organe de règlement des conflits au sein du mouvement Ils apparaissent au contraire maintenant comme de plus en plus nombreux, comme en témoigne la militarisation croissante.
CONCLUSION Aujourd’hui : déception face aux idéologies révolutionnaires (supplantés par problèmes ethniques, démographiques, économiques, sociaux) MAIS reste le désir d’une défense solidaire contre le néo-colonialisme et la volonté d’affirmer le droit à la différence. Cela se manifeste surtout par la tentative de constituer un front commun pour les négociations économiques. En matière politique, apparaît de + en + une distinction entre politique des pays non-lignés et politique du non-alignement fait écho à la déclaration de Jean Lacouture dès 61 : « il n’y pas de non-alignement, il y a des pays non alignés » (le Monde Diplomatique , octobre 61) Cette émergence d’un groupe relativement solidaire de « petits » dans le domaine économique au moins, est encore mal acceptée par les puissances, peu accoutumées à devoir prendre en compte une multitude de pôles de décision, et qui imputent donc au Tiers Monde les échecs des négociations économiques, alors que ceux-ci prétendent simplement être acteurs à part entière du système mondial. Les dernières conférences : A Djakarta, en 1992, la dixième conférence manifeste une grande inquiétude quant à la domination occidentale du monde, et réclame une restructuration de l'O.N.U (élargissement du Conseil de sécurité, renforcement des compétences de l'Assemblée générale); lors du 11ème sommet à Carthagène à l'automne 1995 les mêmes revendications sur la réforme de l'O.N.U seront présentées BIBLIOGRAPHIE Mythe et réalité du non-alignement Braillard, Philippe (1944-....) / Presses universitaires de France / 1987 Les tentatives de diviser le mouvement des pays non alignés Marovi´c, Miodrag / QAS / 1979 Non alignement et nouvel ordre mondial Berg, Eugène / 2 éd. mise à jour / Presses universitaires de France / 1982 Nouvel ordre international et non alignement : recueil de documents Éditions du Monde arabe / 1982 Le Mouvement des pays non-alignés France. Direction de la documentation française / la Documentation française / 1981 Les Non-alignés dans les relations internationales Moselle, Henri / Université des sciences sociales / 1993 Le Non-alignement Centre d'études anti-impérialistes (Paris) / la Découverte / 1985 Le mouvement des pays non-alignés. Bilan et analyse. Hassan, Haidar (1951-....) / [s.n.] / 1988 |
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